Elle avait reçu cette lettre, ce message. Et elle ne pouvait pas l’ignorer. Auberge obscurus. Vingt heure. C’était clair et elle ne pouvait le rater. Probablement que tous les mangemorts seraient là. De plus, qui pouvait prévoir ce qu’il allait se passer? Tant d’évènement dont récemment la mort de Circé, cette femme qui avait soit disant pris la tête de leur groupe et qui avait eu la stupide idée de vouloir établir une égalité entre les sorciers, quel que soit leur sang, dans son programme d’élection. Quel mangemort digne de ce nom pouvait meme envisager d'imaginer une situation comme-ci ? Cette réunion semblait s’annoncer primordiale. Qui allait essayer de remettre de l'ordre dans les rangs des sorciers noirs ? Personne ne pourrait remplacer leur bien aimée maitre personne ne pouvait même prétendre pouvoir lui ressembler. Mais il fallait continuer son oeuvre, pour lui, en son honneur. Voilà pourquoi elle devait se rendre à cette réunion. Et bien présomptueux était celui qui pensait savoir comment tout cela allait se terminer.

Quoi qu’il en soit, huit heures était bientôt là et Amber, sa cape noire sur les épaules marchait dans une ruelle sombre de l'Allée des Embrumes, la capuche empêchant son visage d’être vu. Pas besoin de se cacher une fois à l'intérieur du bâtiment mais protéger son identité de mangemort était primordial, particulièrement en ces temps. Arrivée devant l’entrée, des paroles prononcées en murmure franchirent ses lèvres, lui ouvrant ainsi le passage. Il y avait déjà quelques mangemorts. Rabattant la capuche en arrière, Amber alla se plasser non loin de mangemorts de sa connaissance. Cela s’annonçant plutôt imprévisible, il n’était pas trop prudent de se rendre prêt de ceux en qui vous pouviez avoir un minimum de confiance. Une partie des mangemort n'avait jamais été en accord avec la mise aux pouvoirs de Circé, notamment des personnes dont elle était proche. Cela allait être intéressant. Voilà il n’y avait plus qu’à attendre que les deux aiguilles se rejoignent et ils seraient fixés. Cela n’allait pas tarder.

Timeus avait quitté le ministère plus tôt que prévu aujourd’hui. La lettre écrite à la main qu’il avait reçu chez lui la nuit dernière ne laissait pas place au doute : il devait être présent. Il enfila donc une veste et quitta son bureau le pas rapide. La mort de Circé était une aubaine pour les mangemorts selon lui. Cette sale sang-mêlé s’était emparé du pouvoir d’une manière honteuse, il était tant que cela change. Leur groupe se disolquait et plus personne n’avait confiance, leurs actions étaient éparses et ils s'éloignaient chaque jour un peu plus du pouvoir. Timeus, plein de conviction, ne pouvait se satifaire de cette situation…

L’auberge Oscurus possédait une arrière salle déjà remplie de quelques mangemorts. Il salua Amber d’un signe de tête simple et noble en se disant que cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient pas vu hors de ces réunions … Piqué par la curiosité, il passa quelques minutes à observer attentivement ses confrères. Qui allait exploser ? Quels étaient les partisans de Circé ? Les uns et les autres commencèrent à discuter, les voix s’élevaient petit à petit … Timeus tenta de s’approcher de Bellatrix qu’il avait vu entrer, il n’eu pas le temps. Celle-ci explosa face à l’assemblée bruyante.

Son discours était violent mais intéressant. Timeus s’accordait avec elle, acquiesçant discrètement à la fin de son intervention. Élève docile, il la voyait bien à la tête du groupe, après tout, on murmurait qu’elle avait tout appris de Lord Voldemort lui-même, mort bien trop tôt. Il prit alors la parole à son tour, sans s’imposer, sans aucune âme de leader. Il laissait cela aux autres ... “Circé était une sang-mêlé ! Notre mouvement est sali depuis la mort de notre maître. Il est temps de changer d’ère !” dit-il en élevant la voix, comme pour appuyer les propos de Bellatrix, avant de laisser la parole au reste de la salle …

La libération était arrivée avec la mort de Circé. Son appartenance aux mangemorts avait grandement été remise en cause avec l'arrivée de cette satanée femme au pouvoir, et donc par prolongation, ses chances de rester en vie s'étaient considérablement réduites. Et tout cela venait de remonter en flèche simplement parce qu'elle s'est présentée aux élections. Quand il avait reçu le hibou l'invitant à se rendre à cette réunion, Benedict avait en tout premier lieu envisagé de l'ignorer. Peu importait qui serait en haut de l'échelle à l'avenir, cette personne n'aurait rien de particulier contre lui. Et puis finalement, à moitié poussé par la curiosité, à moitié parce qu'il sentait qu'il avait tout de même intérêt à s'investir davantage, il était venu.

Quand il se glissa dans la pièce où se tenait la réunion, ce fut un véritable vacarme qui l'accueillit. Les discussions, ou plutôt les disputes, allaient bon train, s'échauffant rapidement dans certains coins de la pièce. Tout cela aurait pu durer longtemps si une femme n'avait pas prit brutalement la parole avec virulence. Quelque part... Benedict était plutôt d'accord avec elle, aussi se rapprocha-t-il discrètement avant de s'appuyer contre un mur. Noyé dans la masse... C'était très bien. Un autre prit la parole un peu plus loin qu'il s'aperçut pas. La réunion s'annonçait mouvementée. La mort de la dirigeante allait amener des conflits quant à la suite des opérations, et de nombreuses questions restaient encore sans réponse. Déjà, qui prendrait la tête du groupe était une excellente question. A sa façon de parler, on pouvait aisément deviner que Bellatrix envisageait de le faire... Et Benedict n'était pas spécialement contre. Il y avait quelque chose chez elle qui le dérangeait mais rien de plus. Elle ne serait jamais pire que Circé de toute façon, donc pourquoi pas ? Mais le poète ne connaissait pas vraiment les autres membres et certains d'eux recelaient peut-être les bonnes qualités.

Une femme inconnue aux yeux de Timeus monta alors sur l’estrade et imposa respect et silence. Son discourt fût attentivement écouté et quelque chose attira la curiosité du mangemort : “notre maître l’a tué comme il se devait”. Notre maître ? Comment était-ce possible ? Il était mort … Ou alors … Les pensés de Timeus s’arrêtèrent un instant sur une hypothèse qu’il trouva lui même folle. Si cette femme disait vrai, c’était un incroyable renouveau pour leur groupe ! Il se senti d’un seul coup puissant, tout en s’interdisant au fond de penser que cela pouvait être vrai. La femme reprit. Elle voulait qu’ils versent leurs sang en signe de fidélité pour le maître. S’il fallait le faire il le ferait. Cependant jeune mangemort, il préféra attendre que d’autres se manifeste avant lui, plutôt par respect que par peur.

Quelques secondes s’écoulèrent et personnes ne bougea immédiatement. L’assemblée murmura quelques mots. Décidé, il fit alors un pas en avant, puis deux, puis s’avança vers le graal, posé sur la table. D’un geste assuré et calme il sorti sa baguette de son fourreau et retira sa capuche sombre. Dans sa tête, l’idée que leur maître pouvait être vivant ne le quittait plus. La phrase de la femme faisait écho à bien d’autre chose qu’il avait pu envisager. Déterminé, il leva sa main au dessus du calice la paume ouverte et posa la pointe de sa baguette sur sa chaire. Sans prononcer le moindre mot, une plaie saillante apparu le long de sa paume qui prit une couleur rouge instantané tant elle était profonde. Timeus serra les dents. La douleur était intense. Lorsqu’il justifia la fin de son geste, il retira sa baguette et ferma le poing au dessus du graal. “Pour le Seigneur des Tenèbres.” dit-il sobrement alors que quelques goûtes de sang ruisselèrent, s'échappant de sa paume et allèrent se nicher au font du calice vide, éclatant l’argent d’un rouge vif.

C’était fait. Il retourna calmement dans l’assistance, fier de son geste, alors que sa main le brûlait douloureusement. A ce moment là lui vint une pensée à propos de Dragan Develyn et les mots que lui avait glissé son assistante de campagne avant de mourir de sa main : “Il parle des sang-pur, des né-moldus, de la puissance de la magie, de … des forces … de la …” Il chassa cette pensée trop tordue à son goût. Son esprit lui jouait des tours …

Elle vit entrer Rodulphus, Bellatrix, Tim - à qui elle répondit d’un semblable signe de tête, Rabastan et Nathan, son fiancé qui vint finalement les rejoindre elle et Rodulphus. Puis Bellatrix prit la parole. Et les mots qu’elle prononça semblaient sonner comme la voie de la raison. Elle fut rejoins par Rodulphus. Le maitre était irremplaçable mais…si cela devait se faire, elle aurait certainement bien plus confiance en ce couple dont elle était proche plutôt qu’en n’importe qui d’autre. Tim n’hesita pas a enchérir. Et en un sens, il avait raison, s’il devait envisager de remplacer leur précieux maitre, cela ne pouvait être un autre sang qu’un semblable à celui qui coulait dans leurs veines. Un silence de quelques secondes s’installa quelque peu dans la salle, jusqu’à ce qu’une femme s’impose et ne monte sur la table afin de prendre la parole et d’être vu de tous. Et ce qu’elle dit était la vérité, les mangemorts étaient en train de couler et particulièrement à cause de Cricé mais…certain de ses propos n’étaient pas cohérent. «ou bien de mourir de sa main ? »Murmure. Cela ne pouvait qu’être une sorte de métaphore n’est-ce pas ? Elle se tourne légèrement vers Nathan. «Qu’est-ce qu’elle peut bien dire par la ? C’est…C’est » Impossible. Devant eux, ils avaient tous vu son corps, elle etaitavec Rodulphus à ce moment-là, elle s’en souvenait comme si cela s’était déroulé la veille.

Tim la fit de nouveau se concentrer sur ce qu’il se passait en avançant le premier pour faire le signe suprême de fidélité. Donner corps et âme pour leur maitre normalement mort. Mort. C’était l’état futur de ceux qui ne feront rien. Qui pouvait vraiment avoir le choix dans ce genre de situation. Dans tous les cas, Amber ne l’avait pas. En plus de croire plus que tout les idéaux des mages noirs et en la domination suprême des sang-purs, elle venait d’une famille de magemort, était fiancée à un mangemort venant d’une famille de magemorts, les personnes dont elle était le plus proche étaient des mangemorts. Elle jette un rapide coup d’oeil à Nathan avant de s’avancer. Au sang de Timeus dans la coupe, elle allait mêle le sien. Comme son ami l’avait fait, elle s’entailla la main, plaçant celle-ci paume ouverte au dessus de la coupe. Une poignée de secondes avant qu’elle ne la resserre et ne recule, allant doucement se placer aux cotés de son ami.

La femme qui monta sur le bar de l’auberge, de l’autre côté de la pièce, était sans doute belle. Selon l’idéal de beauté, en tout cas. Comme tous, l’attention de Benedict se porta immédiatement sur elle et c’est quasiment suspendu à ses lèvres qu’il l’écoute parler. Elle n’avait pas l’air d’avoir froid aux yeux ni même de craindre la petite assemblée de mangemorts. En un instant, elle a gommé la présence jusque là imposante de Bellatrix pour s’imposer toute entière à eux. Quant à la présence du nouveau chef ici même, dans la pièce… Sans doute comme la plupart de ses voisins, le poète arracha son regard de l’étrange inconnu pour balayer la salle du regard sans trop de succès. Son attention revint bien vite à l’inconnue quand elle débuta un sermon sévère mais justifié. Ils avaient tous suivi Circé Wright, avec plus ou moins d’entrain c’était vrai. Peu avaient réellement été touchés par l’annonce de sa mort. Pour Benedict, ça avait été simplement un soulagement, le retrait d’une épine dans le pied. Mais oui, ils l’avaient suivi car elle avait été tout ce qui restait à la disparition du Maître, la seule chose forte à laquelle se raccrocher immédiatement. Il fallait un chef, Ben en avait conscience.

Quand un mangemort apporta la coupe, Benedict hésita un bref instant avant de s’exécuter. Il en laissa passer plusieurs devant lui, désireux de se fondre dans la masse. Ne pas être remarqué, c’était ne pas avoir trop d’ennuis tous de suite, pas de responsabilités particulières. Et c’était très bien. Finalement, il se glissa derrière un énième inconnu puis vint son tour. C’était un serment à vie, il le savait, mais en s’engageant dans les mangemorts, voilà un petit moment maintenant, c’était déjà la même chose, le serment en moins. La Marque des Ténèbres était déjà là, elle. Alors il versa son sang pour le nouveau maître.

Aussitôt que Benedict eut versé son sang dans la coupe, il se retira près d’un des murs de la pièce. Voir sans être vu était une chose qui lui avait toujours été utile au sein des mangemorts. Tant qu’il restait silencieux, sans contredire personne, les autres n’auraient rien à lui reprocher et toutes leurs petites vies se poursuivraient comme avant. Il n’était pas comme Bellatrix ou cette inconnue, à défendre absolument le Maître ou à prendre les intérêts – et les objectifs – des mangemorts trop à cœur. C’était… Dire que ce n’était qu’une simple occupation aurait été un mensonge bien sûr, mais le poète n’avait aucune idée de ce qu’il pensait du groupe. Voilà, c’était dit. Il était là un peu par hasard, par vengeance, il s’était laissé embarquer dans l’histoire sur les ordres d’un mort. Point barre. Et il venait à l’instant de signer à vie et d’offrir une loyauté éternelle à ça. Cette douce inconnue qu’était l’ignorance.

Et puis, suivant à peu près le même chemin que la femme, un nouvel inconnu avança. Observant sa haute stature et la lourde cape qui ondulait légèrement derrière lui, Benedict sentait un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Peut-être que tout n’était pas perdu finalement, et peut-être que les mangemorts valaient encore la peine qu’on se batte pour eux… Qu’on s’implique pour eux, même. Benedict avait certes verser son sang pour un maître, quel qu’il soit, mais le serment prenait tout sa valeur face au seul et unique véritable dirigeant du groupe. La stupéfaction rendait le poète incapable d’articuler la moindre parole et, de toute façon, il n’était pas sûr d’avoir des choses à dire. « Je suis déçu, vous me décevez réellement. Je vous laisse une dernière chance avant de vous tuer. » A ces mots, le voisin le plus proche de Benedict s’effondra, glissant le long du mur, le visage déformé par une horrible grimace de douleur. Le jeune sorcier le contempla avec un mélange de surprise et de curiosité avant de reporter son attention sur le Maître.

L’homme ôta sa capuche et Benedict crut un instant qu’il avait mal vu. Allant ce soir de surprise en surprise, il contempla en silence le visage de Dragan Develyn, le grand perdant des dernières élections ministérielles. Quelque part, le poète partageait les doutes de ceux qui se manifestaient oralement, mais il n’aurait jamais osé ainsi, il n’en aurait tout simplement jamais pris le risque. Le Seigneur des Ténèbres les surclassait clairement en puissance et en magie, il était capable d’exploit dont ils n’avaient même pas idée. Si Benedict se refusait à obéir à une femme aussi simple que Circé Wright, suivre le Seigneur, le nouveau Maître, était totalement différent. Il était puissant, il était l’inverse total de ses parents. Il méritait qu’on soit à ses côtés, que l’on partage ou non son opinion concernant les sangs-de-bourbe. Quand une voix sifflante, effrayante, s’éleva dans la salle, tous eurent confirmation parfaite de l’identité qui se dissimulée derrière les traits de Dragan Develyn, l’homme qu’il avait cherché à rencontrer afin d’enquêter… sous les ordres de Circé. Le romancier se félicita intérieurement de ne pas avoir croisé l’homme ce jour-là, signe évident de sa trahison et de son obéissance à cette femme. « C’est vraiment lui, c’est vraiment lui ! » Une demoiselle dont la jeunesse est surprenante serra fort le bras de Benedict, une lueur presque folle au fond des yeux. Le mangemort ne prit pas la peine de répondre, presque effrayé par tant de déférence aussi visible. Ses pensées étaient contradictoires, déchiré comme il l’était entre cette loyauté qui lui faisait peur pour le Seigneur des Ténèbres et l’envie de se rebeller contre un énième maître. Finalement, c’est l’habitude qui l’emporta, lui faisant ployer les genoux et réitérer son allégeance au groupuscule. Non, uniquement au maître car lui seul méritait une loyauté pleine et entière.