Cambrioler un appartement en fin d'après-midi n'était pas la meilleure idée que Rosario ait eu. La chose n'était pas si mal à la base, pourtant : en se rendant dans cet appartement dans la journée, il y avait des chances pour que la propriétaire ne soit pas là – d'autant qu'il avait vaguement surveillé les lieux, histoire de savoir. Ce qu'il n'avait pas prévu, en revanche, c'était qu'il manque de se faire arrêter tandis qu'il tentait la traversée du Chemin de Traverse. Un gobelin assez peu aimable l'avait reconnu et s'était empressé d'alerter les autres. Or, Rosario avait un passé commun avec les gobelins qui était... peu enviable. Et brutal. Bref, ne jamais se promener en sa compagnie devant Gringotts. C'est donc tard qu'il arriva devant l'habitation ciblée et c'est tard qu'il y pénétra. Et c'est à cette heure-là que la propriétaire entra. Il était en train de fureter dans la chambre, vaguement déçu de ne pas avoir trouvé plus de choses intéressantes, quand la clef tourna dans la serrure. Il se figea et se redressa lentement, se mordillant les lèvres avec inquiétude. Passer par la fenêtre ? Mauvais plan. La prendre par surprise ? Non plus. Et puis le silence se fit, aussi simplement que cela. Si une quelconque divinité existait, elle devait voir un guignol à moitié relevé dans une chambre, complètement figé, et une demoiselle dans une autre pièce, elle aussi en train de tendre l'oreille. Avec ça, Rosario était bien avancé. Il tentait l'approche de la fenêtre, tatonnant le sol à la recherche de son sac mais attrapa celui-ci à l'envers. L'intégralité de ce qu'il contenait – des petits objets – s'éparpillèrent au sol avec une pluie de bruits cristallins.

« Qui est là ? » La voix venait du couleur. Évidemment. Rosario avait beau savoir qu'il n'était plus seul, il ne put s'empêcher de sursauter. D'un geste souple, il sortit sa baguette magique de sa poche et pointa la porte. « Arrêtez-vous, je suis armé. Et je suis doué. » Pareil mensonge aurait mérité une palme. À part risquer de aire exploser l'appartement – ou la demoiselle, mais ça aurait été fort dommage – il était un parfait incapable en la matière. Ce qu'elle ignorait.

La phrase de la demoiselle le laissa assez perplexe. Elle était soit très courageuse, soit particulièrement stupide pour sortir ça au premier cambrioleur venu. Mais passons, Rosario n'avait de toute façon aucune idée de ce qu'il allait faire maintenant. La porte s'entrouvrit, dévoilant le visage de la propriétaire du petit appartement moldu. Il savait qu'elle s'appelait Siham, il n'avait pas regardé ses horaires et compagnie pour rien. En revanche, il ignorait qu'il s'agissait de Siham, la seule et l'unique qu'il connaissait. THE Siham, en quelque sorte. Bref, ce n'était pas du tout la première fois qu'il croisait sa route, à cette demoiselle, même si elle ne l'avait visiblement pas reconnu. Disons qu'ils s'étaient régulièrement vu à des réunions de l'Étoile du Centaure, groupe dont ils étaient tous les deux membres, et qu'à force, on finissait par reconnaître les visages, par se souvenir des noms et prénoms, des professions même. La miss... Il l'avait croisé à plusieurs reprises, oui. Siham... Faël. Voilà, c'était ça son nom. Un large sourire, peut-être un poil charmeur, se dessina sur son visage et il leva aussitôt les mains. Quoi qu'elle fasse, il s'en fichait un peu. Les flics sorciers enquêtaient déjà sur lui, l'Étoile du Centaure l'avait précisément engagé pour ses talents un peu particuliers donc... « Gentille, c'est Rosario. On s'est déjà vu aux réunions de l'Étoile du Centaure. » Rosario baissa le nom en évoquant le groupe, plus par habitude que par véritable crainte d'être entendu par les mauvaises oreilles. « J'vais te rendre tes affaires du coup... Et inutile d'appeler qui que ce soit, hein, personne ne viendra. » Sa voix avait pris un accent fort aimable et son sourire était toujours là, mais une pointe de menace restait calée dans son intonation. « Tu as des nouvelles de l'Étoile, ces derniers temps ? » Sans ménagement, il poussa Siham dans le couloir.