Cette journée était partie pour être comme les autres. Maëve était de repos. Une journée pleinement mérité après avoir été de nuit tout le restant de la semaine. En plus en ce moment, elle devait bien avouer qu’elle ne se rendait pas au travail avec autant d’allégresse qu’auparavant. Entre l’asile, Isidore et cette femme…Maëve ne s’y sentait absolument pas en sécurité. Si elle n’aimait pas autant son travail, elle aurait sans doute déjà démissionnée. Ou peut-être pas en fait. Maëve était assez bornée. Elle n’envisageait pas d’aller travailler ailleurs. Les urgences c’était un service qu’elle appréciait beaucoup malgré les horaires contraignant et le stress perpétuel qui allaient de pair. Cependant le mécontentement, l’angoisse et l’agacement faisaient bien partie de ses journées quotidiennes de travail. Alors oui, ces derniers temps, elle appréciait pleinement ses moments de pause.

Alors ce matin-là, elle s’était levé un peu avant 9 heures car ce n’était pas vraiment une grosse dormeuse. Puis elle avait appelé son père et ils avaient décidés de déjeuner ensemble. Ensuite comme souvent, elle était passé en cuisine. C’est elle qui faisait le dessert du déjeuner. Elle avait hésité un moment sur quoi faire puis avait opté pour des crêpes. C’était tellement plus simple à transporter. C’était bientôt la chandeleur après tout. Une fois le dessert prêt et correctement emballé dans des feuilles d’aluminium, Maëve se prépara à sortir. C’était une belle journée, mais un peu fraîche tout de même. Début février oblige. Maëve opta pour un ensemble moldu (après tout son père vivait en zone moldu) et se contenta de prendre par-dessus sa cape de sorcière.

Elle aurait pu transplaner directement. Mais Draïochta Ïon n’était pas le plus grand des villages. Et aujourd’hui il y avait un peu d’animation en centre-ville. Maëve ne savait plus quelle en était la raison, mais diverses animations avait été mis en place. Cela semblait surtout s’adresser à un public enfantin. Et c’en était d’autant plus adorable. Il y avait plus de monde que ce à quoi la jeune femme se serait attendue. Puis elle se rappela qu’on était un samedi matin. Les enfants n’avaient pas classe et il faisait beau. C’était le moment idéal pour sortir. Divers marchands vendaient des sucreries appétissantes et les enfants traînaient leurs parents dans tous les sens pour jouer à des jeux plus magiques les uns que les autres. Maëve se félicita de ne pas avoir emmener Siloïr, il y avait trop d'agitation, l'animal aurait été angoissé.

Comme il lui restait du temps, elle décida de se promener un peu parmi la petite fête, pour profiter de la légèreté de l’ambiance qui la changeait grandement de tous les coups durs qu’avait connue la communauté sorcière ces derniers temps. Les sourires des enfants étaient si apaisants. Pas de mauvaises nouvelles, plus d’angoisses, aucuns stress. C’était reposant et agréable. Maëve sentit un sourire fleurir sur son visage. A priori rien ne pourrait la contrarier.

Moïra Valendar était heureuse de s’être enfin assise. Offrir un crêpe à ses petits-enfants si près de l’heure du déjeuner n’était certainement pas une bonne idée, mais elle n’en pouvait juste plus. Cela faisait trois heures qu’ils la faisaient crapahuter d’un forain à l’autre. Tandis que les petits monstres qu’elle adorait plus que tout dévoraient avec entrain leur encas, Moïra elle profitait de son répit pour observer la foule autour d’elle. Son attention finit par être accaparée par deux jeunes personnes. Un homme et une femme.

L’homme visiblement pressé était entrée dans la jeune femme qui en avait alors perdu son sourire. Mais grâce à de bons réflexes sans doute, l’homme avait empêché à la jeune femme de tomber. Moïra s’attendait à ce que l’homme s’excuse et reprenne sa route sous l’air plus ou moins agacé de la jeune femme, mais ce ne fut pas tout à fait le cas. Il s’excusa évidemment. La jeune femme, elle, paraissant quelque peu contrariée par cette rencontre soudaine qui l’avait apparemment sortit brutalement de ses rêveries, se contenta de répondre d’un ton peu amène.

« Ça ira, mais la prochaine fois regardez où vous allez. »

Moïra trouva assez drôle comme aucuns des deux protagonistes ne semblaient faire vraiment attention à l’autre. La jeune femme avait parlé en réajustant sa cape qui avait bien manqué de finir sur le sol lorsqu’elle avait été bousculée. Tandis que le jeune homme ne sembla pas entendre vraiment la jeune femme lui répondre étant donné la façon qu’il avait de regarder autour de lui. Finalement Moïra eut l’impression que ce n’était peut-être pas de l’empressement qui l’avait fait entrer dans la jeune femme. Sans doute conduite par une curiosité déplacée, Moïra tandis l’oreille pour entendre la suite de la conversation et faire fi des bavardages des autres clients à proximité. Elle s’entendit même demandé aux enfants de faire moins de bruits. Apparemment le jeune homme cherchait une petite fille. La femme ne sembla pas comprendre de suite de quoi il retournait. Balbutiant quelque peu, cherchant peut-être ses mots.

« Euh, je…oui peut-être.» Elle recula d’un pas. « Mais pourquoi ? Qui cherchez vous ?»

La jeune femme semblait méfiante. Il faut dire qu’avec tout ce qu’il se passait ces derniers temps, il y avait des raisons. Rappelée à l’ordre par ses petits-enfants, Moïra abandonna ses observations.

Maëve se méfiait, elle n’y pouvait rien, c’était dans sa nature. Elle avait énormément de mal à accorder sa confiance. Elle remettait souvent en doute les dire de ses amis et de sa famille, encore plus ceux de ses patients, alors les parfaits étrangers…L’inconnu qui l’avait abordé cherchait une petite fille. La nature de leur rencontre et la façon empressé de parler du jeune homme lui avait un instant fait perdre ses repères, alors le temps de situer un peu mieux les choses, elle avait reculé d’un pas et n’avait pas répondu à la question qui lui avait été posé. Bien sûr il était peu probable que cet homme soit un kidnappeur potentiel, ou alors Maëve mettrait très sérieusement en doute sa santé mentale. Cependant prudence est mère de sûreté. Puis finalement les choses s’éclaircirent très rapidement. Il avait perdu sa fille. La méfiance céda sa place à la surprise.

« Vous avez perdu votre fille ? »

C’était une question qui n’attendait pas de réponses et qui s’approchait d’avantage du reproche que de l’interrogation. Le visage de la jeune femme s’était fait plus dur, consterné. Certes Maëve n’avait pas d’enfant alors elle était certainement mal placé pour donner la moindre leçon. Cependant cette histoire ça lui faisait penser à celles où les mères laissent leurs bambins seuls dans leur bain. C’était inconscient. Quand on emmène une enfant à une fête foraine on la surveille. De plus, elle ne s’enfuit pas, on la perd de vue nuance. Il lui demanda si elle se souvenait où elle aurait pu la croiser.

« Il y a des animations dans tous le centre-ville et des enfants partout. » dit-elle sur la défensive.

Pourtant en parallèle elle essayait de se remémorer si oui ou non elle avait pu voir une petite fille correspondant à la description qui lui avait été faite. Elle avait observé beaucoup d’enfants, mais serait bien incapable de dire si oui ou non cette petite était passée dans son champ de vision. Elle s’interrompit dans ses pensées quand il lui demanda si elle voulait bien l’aider à la retrouver. De la surprise, Maëve été passée à la colère. Elle avait croisé les bras et jetait un regard noir à son vis-à-vis. D’accord elle était sûrement mère poule, sa sœur le lui reprochait assez souvent d’ailleurs, mais elle ne comprenait pas que l’on puisse perdre un enfant. Mais dans l’immédiat les reproches n’étaient pas le plus urgent. Mais soyez en sûr, elle trouverait le temps de dire à cet homme ce qu’elle en pensait vraiment.

« Quel est votre nom, le sien et son âge ? » La description elle l’avait déjà. Après comme elle le faisait aux urgences, elle demandait les renseignements les plus importants. « Vous devriez aller en direction de son manège préféré, j’irais dans le sens inverse. On se retrouvera ici. Dépêchons nous avant qu’elle ne fasse une mauvais rencontre. »

La dernière phrase elle aurait sûrement pu s’en passer. Ce n’était pas vraiment ce qui pouvait rassurer un père en panique. Car oui, le papa était inquiet et heureusement encore parce que sinon Maëve aurait tout simplement explosé. En attendant, elle attendait d’avoir les informations qu’elle avait demandées et elle partirait en courant chercher la petite.

Quatre ans, voilà l’âge qu’avait la petite fille actuellement porté disparue. Les yeux bleus de Maëve étaient de glace. On ne parlait même pas d’une enfant de huit ou dix ans qui ferait une crise d’adolescence anticipée, mais bel et bien d’une toute petite fille innocente et inconsciente des dangers qui l’entoure. Ces informations dorénavant connues, Maëve fût persuadée qu’il y avait inattention et incompétence de la part du père de la petite. Comment peut-on perdre une enfant de cette âge ? Mais la situation était telle que la médicomage retînt toutes remarques. Elle pinça les lèvres et courut dans la direction précédemment décidée.

Maëve avançait, cherchant de tous les côtés une petite fille, brune, vêtue d’une veste rouge. Ce genre de situation était absolument affreuse. Toutes les fillettes brunes ou vêtues de rouge attiraient son regard et pourtant elle avait l’impression de ne rien voir. Maëve hésitait entre continuer à errer dans les rues ou courir immédiatement à la police magique pour déclarer la disparition de la gamine. Après tout ne seraient-ils pas plus compétents ? Ne serait-ce pas ce qu’il faudrait faire si l’enfant avait déjà été enlevé ? Mais le père et elle s’était donné une demi-heure. Et les minutes s’égrenaient à la fois de façons très lentes et très rapides.

Puis finalement, elle vit cette petite fille. Souriante, discutant avec un autre enfant de son âge et les parents, sans doute, de cette dernière. Si les deux enfants avaient l’air de rien, les parents semblaient plus perplexes. Maëve s’élança dans leur direction, criant le prénom de la fillette. « Raina ! » Des regards se tournèrent vers elle. Si ce n’était pas la bonne fillette, nul doute qu’elle paraîtrait étrange. Mais à son nom, la petite tourna la tête vers la médicomage. Instantanément, Maëve en fût rassurée. Elle arriva auprès des deux fillettes et des deux adultes.

Rapidement elle se rendit compte que les parents semblaient se demander ce qu’une petite fille de cette âge faisait seule. Maëve s’expliqua rapidement, d’abord auprès de la petite « Je suis une amie de ton père Eoghan, il te cherche partout." Au nom de son père, le visage de la petite s’éclaira. Puis Maëve s’adressa aux parents présents. « Merci vraiment, je vais la raccompagner à son père. » Si Raina n’avait pas semblait malheureuse jusqu’à présent nul doute qu’elle était contente à l’idée de rejoindre son père. Naïve et innocente comme toutes les enfants de cet âge. Les parents semblèrent sceptiques un moment. Mais Maëve devait suffisamment inspirer confiance pour qu’ils acquiescent et les laisse s’en aller.

Maëve rassurée, put laisser les battements de son cœur se calmer. Elle ne quitta pas des yeux, la petite qui marchait à ses côtés jusqu’à ce qu’elles soient toutes deux arrivées au point de ralliement que s’étaient fixés le dit Eoghan et Maëve. Quand elles arrivèrent, Eoghan ne semblait pas là depuis longtemps. Aussitôt la petite courut vers lui comme si de rien n’était.

Maëve leur laissa quelques secondes. Raina avait l’air de beaucoup aimer son père. Mais Maëve elle, sentait la colère poindre dès lors qu’elle apercevait l’homme. D’un regard désapprobateur et d’un ton plein de reproche, elle ajouta : « Comment avait vous pus être aussi négligent ? »