Le stress, c’était un état physique que Maëve savait bien géré en général. Une nécessité aux urgences. Il fallait agir vite et bien, sans se laisser impressionner ni désarçonner, notamment dans les cas de grande panique, comme après l’attaque de l’université, ou… bien celle de l’asile. Un frisson lui parcouru l’échine, elle secoua la tête comme pour éloigner au loin cette dernière pensée. Maëve prit une seconde pour expirer discrètement et tenter de faire taire ses angoisses. Sa première décision fut de délaisser sa serviette en papier qu’elle déchiquetait depuis plus de cinq minutes pour lui préférer son verre de jus de citrouille sucrée. Une boisson qu’elle aimait bien en temps normal mais qu’elle peinait à avaler aujourd’hui. Mais que lui était-il passé par la tête ? Pourquoi s’être porté volontaire pour une mission ? Non mais quelle idée…

Mais ce qui était fait, était fait. Elle avait reçu son ordre de mission. Assurer la protection d’une certaine Mme Stuart qui était persuadé qu’on voulait la tuer. Maëve était une débutante et pas vraiment une experte en duel. Alors elle se rassurait en se disant que s’il y avait un véritable danger, on ne l’aurait pas choisi elle. Ou peut-être penser-t-on que si elle se portait volontaire pour les missions, c’est qu’elle se sentait capable de faire face à toutes les situations. Tu parles…

Une main se posa sur son épaule. Surprise ; elle se retourna dans un sursaut mal maîtrisé. Le nouveau venu qu’elle identifia rapidement s’installa en face d’elle.

« Nerveuse on dirait. » Non tu crois ? pensa t’elle ironiquement. « Juste un peu. » répondit-elle d’un ton qu’elle espéra aussi neutre que possible. « Faut pas t'inquiéter tu sais. » Ajoutât-il naturellement. Sans préambules, Maëve s'enquit, alors qu'il ne s'était même pas encore installé : « Tout s’est bien passé quand tu y étais ? ». « Hmm….Oui. » Maëve jugea la réponse trop longue à venir pour un si court mot. Connaissant bien le jeune homme, elle l'interrogea du regard (pas uniquement du regard en fait) : « Neal ? » Le susnommé, enfin assis et très décontracté, était en train de fouiller la salle du regard à la recherche de la serveuse, mais il se reconcentra sur la blonde devant son air inquiet. Il s’expliqua : « Un des sorts d’alarme mit en place s’est activé une fois. Mais j’ai tout vérifié, la maison, le jardin, les alentours, il n’y avait rien ni personne. » « Alors comment se fait-il que… » Il la coupa :« Je ne connais aucuns sort qui soit toujours fiable, la magie est parfois capricieuse. Un animal à dû le déclencher. Un oiseau d'après moi.» La réponse ne convenait pas vraiment à Maëve, mais Neal ne semblait pas voir l’utilité d’en rajouter. Il finit par réussir à attirer l’attention de la serveuse. « Donc il n’y a pas de gros risques d’après toi ? » « Miss Stuart a beaucoup d’objets intéressants qui pourraient attirer les voleurs, c’est certain, mais je pense qu’elle soit le genre de femmes à se faire beaucoup d’ennemis mortels… » La serveuse les interrompit. Neal lui demanda deux cartes. « …Mais bon je n’ai passé que 48 heures avec elle. Je ne la connais pas. » « Oui donc finalement, tu n’en sais rien. » C’était là une conclusion qui agaçait quelque peu la jeune femme et celà s'entendit dans le ton de sa réponse. Elle se renfrognait. Neal reprit : « Dis tu m’as convoqué juste pour parler de ça ? Ou je peux… » Cette fois-ci c'est elle qui l'interrompit : « Je ne t’ai pas convoqué ! » Ha ! ça ce serait une première tiens ! Comme si Neal était du genre à obéir à des missives de ce genre en plus. « Ben, tu ferais bien de relire ton message, ça ressemblait plus à un ordre qu’une invitation. » Dans les faits Neal devait bien s'amuser. « Pardon ! » Ahurie, la voix de Maëve s’était faite plus aigüe. « Mais t’en fais pas je suis habitué. Allez cesse de ronchonner, tout ira bien. » En temps normal Maëve lui aurait demandé de s'exprimer plus clairement, surtout s'il avait des choses à lui reprocher, mais l'angoisse de la première mission lui fit mettre cette option de côté. Inutile de se disputer aujourd'hui. « Ca ce n’est pas dit.» répondit-elle peut-être un peu trop brutalement. Il lui adressa un sourire amical.« Bon écoute, je te propose qu’on mange un morceau tranquillement et après on revient sur cette mission ok ? » Maëve savait très bien qu’elle ne tirerait rien de lui autrement. « D’accord. » Accepta-elle à contrecœur. Elle n’avait pas faim du tout. Après avoir jeté un coup d’œil à la carte, ramené par la serveuse un peu avant, elle ajouta : « On aurait mieux fait de déjeuner chez moi, je suis sûre que ça aurait été meilleur. » Neal sourit mais ne dit rien.

Le chaudron baveur était bondé comme souvent. Maëve et Neal commandèrent et déjeunèrent en discutant de tout et de rien comme les vieux amis qu’ils étaient. Puis au dessert, ils en revinrent au sujet de Miss Stuart. Après deux cafés, ils sembla qu’ils aient fait le tour de la question et se quittèrent à la sortie du chaudron baveur en prévoyant de se revoir à la fin du tour de garde de Maëve, le dimanche soir.

Ce n’est guère moins angoissé que la veille que Maëve se rendait chez Mme Stuart. Transplaner sur le terrain de la maison était impossible (c’était là l’une des premières mesures de sécurité mise en place) aussi Maëve s’y était-elle rendu à pied. Ayant pris soin de partir en avance, Maëve en profita pour observer le quartier. C’était un quartier résidentiel tout ce qu’il y avait de plus banal. Rien de plus normal au fond pour un village à majorité moldu. Arrivée au portillon limitant l’accès à la maison de Mme Stuart, Maëve put constater que la demeure ne semblait rien à voir d’excentrique extérieurement parlant. Un étage et un petit jardin, les volets étaient ouverts, mais les rideaux étaient tirés. Maëve avisa une sonnette et appuya dessus. Ignorant si elle fonctionnait, elle chercha à ouvrir le portillon pour aller frapper directement à la porte, mais la petite poignée en fer, restait obstinément fixe. Maëve fronça les sourcils. Elle voulut passer sa main de l’autre côté du portail pour essayer d’activer la poignée de l’autre côté, mais elle se heurta à un mur invisible. C’est à ce moment-là que la porte d’entrée s’ouvrit sur une jeune femme rousse. « Attends c’est fermé, je t’ouvre. » Sans se déplacer, la jeune femme que Maëve avait reconnu comme étant une de ces collègues de l’ordre de Merlin (Alysson si Maëve ne se trompait pas) sortit sa baguette et l’agita. Le portillon s’ouvrit de lui-même et Maëve put entrer. « Qui est-ce ? » demanda une voix de l’intérieur de la maison. « La relève Miss Stuart. » Puis s’adressant à Maëve elle ajouta : « Vas-y entre. »

Maëve suivit Alysson à l’intérieur de la maison qui semblait bien grande comparait à ce qu’on en voyait de l’extérieur. Une femme brune arriva soudainement, la trentaine entamée, le sourire aux lèvres, elle annonça : « Ah encore une jeune femme, tant mieux je préfère les soirées entre filles. Laury Stuart enchanté. » Elle lui tendit une main que Maëve saisit en retour. « Maëve Bowater, enchanté aussi. » « Vous ne partez pas de suite. » ajouta Miss Stuart à Alysson. Celle-ci secoua la tête pour répondre non, mais elle n’eut pas le temps de parler que Miss Stuart reprenait : « Tant mieux, suivez moi donc à la cuisine. » Puis à l’attention de Maëve. « Un petit thé ça vous dit ? » « Euh…Oui avec plaisir. » « Parfait. » La brune tourna les talons et reprit : « J’adore le thé, j’en bois beaucoup. J’ai de nombreux parfums différents vous allez voir et attention je le prépare avec attention, selon les coutumes. Enfin pas avec autant de minutie qu’ils ne le font au japon. Vous avez déjà assisté à une cérémonie du thé ? C’est affreusement long. Mais assez intéressant au fond… » blabla… Laury Stuart continua ainsi, posant régulièrement des questions à Maëve sans pour autant jamais lui laisser le temps de répondre, puisque le silence ne s’imposait jamais. Alysson adressa un sourire amusé à Maëve. Les deux jeunes femmes ne se connaissaient pas vraiment. Elles étaient de la même année à Poudlard et Alysson avait été à Poufsouffle. C’était une femme enjouée et qui savait que Maëve adorait le calme. Hors Miss Stuart semblait du style énergique et pipelette. D’où le sourire en coin amusé qu’Alysson avait jeté à sa collègue. Le trajet, oui parce que le mot trajet n’est pas exagéré dura quelques minutes. Nul doute qu’un sort était à l’œuvre dans cette maison qui était immense. Le couloir de l’entrée faisait bien entre vingt et trente mètre et Maëve passa devant 5 portes closes avant d’arriver dans la cuisine.

Maëve sauta sur une seconde de silence pour dire : « Vous avez l’air d’avoir une bien grande maison, Miss Stuart. » « Oui, c’est vrai, deux étages et 22 pièces. » Les yeux de Maëve s’agrandirent et le sourire d’Alysson s’élargit alors que la rousse s’installait sur une chaise. « Mais ne vous inquiétez pas je vous ferais visiter après. Asseyez-vous maintenant. A quoi voulez-vous votre thé ? Fruit des bois, menthes, caramel… » « …Menthe ça ira merci. » Elle l’avait interrompu. Ce n’était pas très poli. Mais compte tenu du nombre de boîte impressionnante qu’il y avait sur le meuble d’en face, Maëve préférait éviter de s’entendre énumérer une liste interminable. Mais Miss Stuart ne sembla même pas le remarquer. « Très bien, un thé russe pour vous n’est-ce pas ? » « Oui merci. » répondit Alysson. « Ah zut, j’en ai plus, je vais en chercher dans ma réserve. » « Je vais… » « Non, non restez là, c’est la pièce d’à côté. Je reviens de suite. » Ni Alysson, ni Maëve ne purent en placer une et Miss Stuart disparut dans le couloir. Alysson eut un petit rire. « Tu vas vite t’y habituer. Elle est un peu farfelue, mais très gentille. » Elle baissa d’un ton pour ajouter : « Puis tu n’as pas besoin de chercher un sujet de conversation, elle n’est jamais à cours. » « J’en ai bien l’impression. » Répondit Maëve peu enthousiaste. « Mais non tu vas voir, quand on l’écoute elle n’est jamais pénible. Par contre pour rester concentrer sur la mission c’est plus délicat. » Maëve allait lui demandait plus d’explications quand la voix de Miss Stuart se fit entendre du couloir. « Je ne savais même pas que j’en avais encore. » Elle arriva dans la pièce. « J’ai retrouvé du thé à la rose ! » Et elle repartit dans un monologue qui dévia rapidement du thé aux herbes médicinales. Elle servit un thé russe à Alysson, un à la menthe à Maëve et s'en fit un à la rose. Elle ne s’installe pas pour le boire avec elles par contre : « Je vais dans la véranda, je vous laisse régler entre vous, toutes ces histoires. » La véranda, petite, était attenante à la cuisine et Laury Stuart resta donc dans le champ de vision des deux jeunes femmes chargées de sa protection.

« Bon alors, on t’as fait un topo sur les protections de la maison ou pas ? » « Plus ou moins. » répondit Maëve. « Je vois. Bon, le transplanage est impossible dans la propriété de Miss Stuart, ce qui inclue donc la maison et le jardin. La maison que l’on voit de l’extérieur n’est qu’une illusion, autant pour les moldu que pour les sorciers du coup, il en va de même pour le jardin. Tu verras il y a un grand potager derrière la maison. Enfin bref. Les murets qui entourent la propriété sont hauts et le seul accès est le portillon que nous avons verrouillé par un sort. D’ailleurs montre ta baguette. » Maëve s’exécuta. Selon les indications d’Alysson, elles mirent leurs baguettes bout à bout. « Accessorum. Bien maintenant il n’y a que toi qui puisses ouvrir le portillon. Même Miss Stuart ne le peut pas. On a érigé un mur invisible au-dessus pour éviter que quelqu’un n’essaie de passer par-dessus. Quelques sorts anti intrusions sont placés dans le jardin sous les fenêtres notamment et le long des murs de la propriété. Fais attention à ne pas les activer par mégarde. L’alarme est assez désagréable. » « Elle a déjà sonné ? » « Oui mais c’était une souris. Le potager attire les animaux. La semaine dernière, mon prédécesseur m’a dit que c’était aussi arrivé, un oiseau d’après lui. Du coup j’ai lancé un sort de détournement. Ca ne concerne que la faune, donc tu ne devrais plus avoir de soucis de ce genre. Enfin normalement. » Son prédécesseur c’était Neal. Il avait assuré le tour de garde du dimanche dernier jusqu’au mardi matin. Elle fit une pause cherchant sans doute ce qu’il y avait d’autre à dire. Alors Maëve en profita : « Tu n’as rien à signaler de particulier ? » « Non je suis là depuis mardi et je n’ai eu aucuns soucis. N’hésite pas à poser toutes tes questions à Miss Stuart. Elle va te faire visiter, alors tu vas voir, elle a une collection assez impressionnante d’objets magiques. Certains font parfois des bruits étranges ou des lumières, c’est assez perturbant la première nuit. » « Elle a tant d’objets que ça. » « Bien plus que ce que je m’étais imaginé. C’est une ancienne archéologue et une grande aventurière. Elle a ramené beaucoup de choses de ses voyages, c’est assez impressionnant. Je comprends aisément qu’elle ait peur qu’on la vole. » « Elle ouvre un musée bientôt non ? » « Oui c’est pour ça que la mission prend fin lundi matin. Tout sera transféré par portoloin lundi après-midi. » « Je vois… » « Donc si quelqu’un doit tenter quelque chose, ce sera pendant ton tour de garde. » Dit-elle avec un grand sourire. « Tss. Très drôle. » « Ah au fait, il n’y a aucuns sort dans la maison. » « Aucuns ! Pourquoi ? » « Il y a tellement de chose de valeurs dans la maison, qu’on n’aurait pas laissé un m² sans pièges. » « Vraiment ?» Maëve regarda autour d’elle, peu convaincue. « Les pièces à vivre sont l’exception. » « Et qu’y a-t-il en dehors des pièces à vivre dans une maison. » « Mais enfin, les pièces de collection bien sûr. » Laury Stuart venait de rentrer dans la cuisine. Elle avait fini son thé comme Alysson et Maëve d’ailleurs. Elle récupéra les tasses vides, les posa dans l’évier et une éponge se mit automatiquement à faire la vaisselle. « Je vais vous montrer. » Ajouta Laury à Maëve. « Et moi je vais y aller. » précisa Alysson. « Ah ! on va vous raccompagner alors. »« De toutes façons, il faut que Maëve m’ouvre. »

Sur le pas de la porte, Miss Stuart salua chaleureusement Alysson et celle-ci s’en alla dès que Maëve lui eut ouvert. Maëve regrettait un peu que sa collègue s’en aille. Pour sa première mission, elle aurait préféré ne pas être seule même si ce n’était pas quelqu’un qu’elle connaissait beaucoup. « Bien, je vais vous faire visiter maintenant, et ensuite on pourra faire connaissance. » Maëve se retourna vers Laury. « Bien, je vous suis alors. » Avant de s’engager à la suite de Laury, Maëve vérifia que le portillon était bien fermé et elle verrouilla la porte d’entrée.