C’est la fête, c’est la fête, service garanti impec ! Mettez votre petite bavette, et nous, on veille au reste. Plat du jour et hors-d'oeuvre, ici, on sert à toute heure. Tout le monde chante, tout le monde danse. On vous prépare avec art, une fête à vous couper le sifflet. Y'a pas de cafard, y'a pas de déprime, quand les pichets sont des copines !

Boissons à foisons, rires, chants et danse que demander de plus ? Après m’être assuré que venir ici et finir probablement minable ne dérangerait pas Gaïa, je suis parti avant qu’elle ne change d’avis. Arrivé sur place, je fus dans l’ambiance de suite. Au niveau du décor, de la musique et des rires qui s’élevaient. Cette soirée s’annonçait absolument géniale.

Je parcourais la foule à la recherche de connaissances, je prenais un verre dès que j’en terminais un. Au bout d’une heure, j’étais déjà bien éméché, mais ça allait encore. L’heure suivante m’amena au summum de l’alcool. Totalement éméché, je ne pensais plus à grand-chose, je ne marchais pas vraiment droit, je riais pour un rien, je parlais fort lorsqu’on s’adressait à moi. Et je continuais à boire.

Plus loin je vis des cheveux blonds. J’étais persuadé que Gaïa était venue profiter de la fête. Je me suis approché d’elle, une bierraubeurre à la main. Il y avait de plus en plus de monde autour d’elle, aussi il m’était compliqué de me frayer un chemin, mais j’étais bien décider à la rejoindre, à lui déclarer ma flamme, lui dire tout ce que j’avais sur le cœur, lui dire qu’elle m’avait manquée depuis ce matin, que j’étais ravi de pouvoir l’épouser, que j’avais également très envie de la prendre à nouveau dans mes bras, comme à la maison. J’avais l’étrange impression d’être constamment repoussé, comme si je ne devais pas arriver jusqu’à elle, comme si le monde entier me disait Non surtout ne va pas vers elle, sinon...

Mais j’ai fini par l’atteindre, je l’ai prise dans mes bras et je l’ai embrassé avec passion. Elle me repoussa. « Mais que… » « Mais que faites-vous ? Vous n’avez pas honte ? » « Mais je t’aime pourquoi me repousses-tu tout le temps ? » Un homme se plaça entre Gaïa et moi, je ne comprenais pas ce qu’il faisait là. Il posait sa main sur l’épaule de ma femme. Comment osait-il la toucher ? « Laissez ma femme tranquille ! » Il se faisait menaçant. « Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes, mais je pense que vous avez un peu trop abusé de la bierreaubeurre. » Autour de nous, un groupe s’était formé. J’entendais vaguement des commentaires. Une histoire de maitresse, d’adultère, d’article.

Seul, au milieu d’un attroupement de sorcier, j’étais prêt à en découdre avec cet homme qui s’appropriait ma blonde, ma femme. Je grognais. Comment pouvait-il juger ma consommation d’alcool ? Ce que je buvais ne regardait que moi. « Ce que je bois ne regarde que moi. Maintenant laisse ma femme tranquille. » J’étais prêt à le frapper s’il le fallait. Il n’aura pas Gaïa. Personne ne l’aura, elle est à moi. Et à moi seul.

L’homme ne répliqua pas. Une voix en revanche s’éleva dans mon dos. Une voix que je reconnu immédiatement. Je fis volte-face. Ma blonde se trouvait là, devant moi. Pas contente, mais alors pas contente du tout. Elle avait même retiré la bague que je lui avais offerte et voulait me la rendre. Je ne comprenais pas ce qu’elle faisait. Qu’avais-je fait ? Elle parla d’une autre femme et je me suis retourné. Une autre blonde se tenait devant moi. Il y avait deux Gaïa ? Depuis quand ? Une seule, s’était bien suffisant ! Je me suis tourné à nouveau pour faire face à celle qui parlait. Une femme mariée. J’avais choisis apparemment. Mon cerveau peinait à faire la connexion entre tout ce qui se passait. « Gaïa ? » Question très con, je devais le reconnaitre, mais je n’étais plus certain de rien. Je clignais des yeux. Je me suis retourné vers l’autre femme et l’homme. « Mais tu étais là. » Je cherchais mes mots. « Je t’ai embrassé. » Je me suis gratté la tête, cherchant comment m’exprimer. « Je voulais te dire que tu m’avais manqué… » Mon ton était piteux, incertain également.

Je me suis à nouveau tourné vers celle qui tenait une bague que je connaissais bien. J’ai pris sa main et l’ai amenée à mon visage pour voir de plus près. Oui s’était bien celle-là. Mais et l’autre ? J’ai fait un pas incertain vers l’autre femme et j’ai pris sa main. J’ai observé ses doigts. « Tu n’as pas la bague. » Sans blague… « Tu as des vieux doigts. » Très charmant. « Tu n’es pas Gaïa. » Cette fois-ci j’étais très sûr de moi. J’avais même un petit sourire sur les lèvres au moment de dire ça. Je savais maintenant qui était la bonne. « Tu as les mêmes cheveux par contre. » C’est-à-dire des cheveux blonds. Comme de très nombreuses femmes sur cette planète. On me repoussa sans ménagement. « Je vous interdit d’insulter ma femme. Comment osez-vous ? Qui êtes-vous d’abord ? » Je titubais vers l’arrière. Je cherchais à retrouver mon aplomb. Dur quand le cerveau baigne dans de la bière.

J’avais finalement retrouvé mon aplomb, pour mieux le perdre lorsqu’elle m’attrapa le col et qu’elle commença à me traîner à sa suite. Oups, elle n’avait pas l’air très très contente ce soir. L’homme attrapa ma femme pour l’empêcher de m’emmener. J’ai grogné, prêt à lui sauté dessus s’il avait une attitude déplacée. Mais bien entendu, elle ne m’attendit pas. Elle et son caractère bien trempé savait parfaitement quoi faire. Elle me poussa dans la direction de l’homme. Quoi ? J’avais raté un truc là ? Je la regarde partir sans comprendre. Dans ma main je tenais toujours la bague que je lui avais offerte. L’homme me fit face et me donna un coup de poing qui me cueillit au menton. « C’est pour avoir embrassé ma femme. » Je fis un pas en arrière. Un autre coup me cueillit à la pommette. « C’est pour l’avoir insultée. » Un autre pas en arrière suivit d’un troisième coup qui me fit tomber au sol. Je n’entendis pas son commentaire qui suivit. Je voyais des flashs, j’entendais des vibrations, j’étais un peu à la rue.

À aucun moment je n’avais riposté. Mais maintenant que j’étais au sol, je sentais mes pensées revenir à la raison. Je décuvais doucement mais surement. Je me suis finalement relevé, tenant toujours fermement la bague. Je devais la retrouver, m’excuser, lui rendre la bague, rentrer avec elle et lui faire sauvagement l’amour…enfin ce dernier point sera très certainement juste impossible étant donné qu’elle devait très certainement me faire la gueule.

Bousculant les personnes qui étaient encore là, je me suis précipité à la suite de ma femme. « Gaïa ! » Elle était là, juste devant, mais elle ne se retournait pas, elle ne ralentissait pas, elle m’en voulait vraiment. « Gaïa attends s’il te plait. » Finalement à force de courir je l’ai rejointe. Sans la touché je suis passé devant elle, la forçant à s’arrêter. Je la regardais dans les yeux. J’étais un peu penaud, mais j’étais vraiment fou d’elle. C’est totalement illogique, nous sommes d’accord. Je lui tends la main, paume ouverte. « S’il te plait, pardonne-moi. J’ai trop bu, j’ai clairement merdé…mais je t’aime et je te promets que tu es la seule et l’unique à présent. » Je fais une pause, porte une main à ma tête et constate qu’en plus de la terre j’ai quelque chose d’un peu poisseux sur les doigts. « Je suis un idiot, j’ai besoin de toi. Toi seule sait faire quelque chose de bien de moi, tu me recadres, tu me raisonnes, tu m’aides. Et je t’aime. » Mon dernier mot était presque une supplique. Accepterait-elle mes excuses ? Mes fautes ? Il est clair que j’allais faire attention à partir de maintenant, si elle me reprenait. L’alcool sera nettement moins présent dans mes soirées.

Oui, j’avais méchamment merdé. Je le savais et je le reconnaissais. Mais je m’étais excusé, je lui avais dis que je l’aimais et qu’il n’y avait qu’elle pour moi. Mais elle ne l’avait désespérément pas compris. Elle me chassait, elle mettait de la distance entre nous. Elle affirmait ne pas m’aimer. Je sentais mon peu de confiance en moi s’enfuir. Elle se disait obligée de m’aider à Poudlard. Ce qui n’était pas totalement faux. Mais par la suite elle est restée, elle avait insisté. Pour elle venir vivre avec moi, chez moi n’était que pour faire comme tout le monde. Elle enfonça encore le poignard en m’affirmant, en me regardant droit dans les yeux, que le mariage s’était juste pour notre fille. Notre fille…sa fille, celle qu’elle avait tant voulut. Celle qu’on avait sauvée d’une mort certaine. Cette petite fille a qui je m’étais attaché comme jamais. Alors que je pensais qu’elle venait de m’achevé, elle lança sa dernière pique qui me mit plus bas que terre. « Je m'en vais Eoghan. Avec Raina. Continue à te saouler, fais ce que tu veux, mais toi et moi, c'est finis. Adieu. » Je suis resté là, comme un con, les bras ballant, un air plus qu’étonné sur le visage. En une soirée, je venais de tout perdre. Je la regardais s’en aller. Je ne fis rien. Pas un pas vers elle, pas un geste, ni une parole. Je la laissais s’en aller. De toute manière elle avait été très claire. Pour elle, tout était terminé, elle tirait un trait sur nos années ensemble, tout n’était que mensonge de toute manière. Elle emmenait même la seule chose en dehors d’elle qui me tenait le plus à cœur. Lorsqu’elle ne fut plus dans mon champ de vision, je transplanais.

J’étais au portail. Je sentais de la rage et la colère prendre possession de moi. J’ai serré les poings. J’ai donné un grand coup dans le portail pour l’ouvrir. Il a été claqué contre les pierres, il s’est tordu. J’ai atteint la porte et à nouveau je l’ai ouvert avec force et fracas. J’ai appelé, il n’y avait personne. J’ai hurlé, comme un loup à la pleine lune. J’ai laissé toute ma rage sortir. J’ai refermé la porte violemment, les murs ont tremblés, des cadres sont tombés. D’un geste du bras j’ai fais tomber tout ce qui était sur le meuble de l’entrée, j’ai jeté les photos au sol, j’ai frappé dans l’escalier, une fois, deux fois, j’ai frappé dans le mur et je suis tombé à genoux. Je venais de tout perdre, en un instant, à cause que quelques bierraubeurre. A genou, le poing rouge, des morceaux de plâtre au sol, j’appuyais ma tête contre le mur et des larmes survinrent. Il y a quelques mois j’avais versé quelques larmes de frustration et de nostalgie, mais ce soir, je n’étais plus qu’un homme brisé qui venait de tout perdre.