« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

« Ho ! Un hibou ! » La candeur de Raina m'étonnera toujours. Ce n'est pas la première fois qu'elle voit un hibou ou même une chouette. Elle fait d'ailleurs fort bien la différence entre les deux créatures. Pourtant, à leur vu elle s'exclame comme si c'était la première. L'animal tombe ostensiblement au milieu de notre dînette ridicule. Renversant au passage tasse en plastique et assiettes remplies de cailloux. Mr. Lord Nounours est mécontent et tient à le faire savoir en quittant de lui-même la table. À moins que se soit le choc d'être touché par l'animal. Allez bien savoir. Avec une grâce tout à fait prétentieuse, l'animal me tend une patte au bout de laquelle est attaché un parchemin. Sans même un regard, voilà qu'elle me reprend son envol sous les cris aigus de Raina. Ne pas soupirer, sourie et ne pas oublier de s'émerveiller devant l'innocence qu'elle représente. Voilà pourquoi je n'ai jamais voulu d'enfant. Aller savoir pourquoi je l'ai prise avec moi. « Han ! Tu reçois aussi des courriers secrets comme papa ? » Pas si secret que ça de toute évidence. Je hausse les épaules. « Bien sûr que non. Ton père reçoit des courriers, soit disant secret de personnes stupides et inaptes qui sont une plaie pour notre société et moi, je reçois des courriers de gens qui pensent qui sont importants et qui ont l'air pas trop stupide. Mais en réalité le sont tout autant que les correspondants de ton père. » Elle ne dit rien et se perd dans un silence songeur dont je tire parti pour lire en paix mon courrier. J'aime ma fille, je l'avoue, mais elle est encore une petite fille. Quelqu'un d'incomplet et pas très intéressant.

C'est qu'ils auraient de l'humour... Pensent-ils vraiment que soit la plus apte à jouer les psycomages ? Après un énième soupire, je détruis la lettre en l'enflammant. Rapidement, le feu prend des formes animales jusqu'à se décider sur celle d'une chouette et prendre son envol. Plus de lettres, plus d'intérêt dans l'esprit d'une petite fille, tout ce qu'elle voit c'est la chouette enflammée qui volent.

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Il paraît que je fais une belle brune. La beauté étant relative, je ne peux juger, mais le reflet que me renvoie le miroir n'est pas le mien, du moins n'est pas celui que je vois d'habitude. Une jeune femme brune, maquillée outrageusement, aux lèvres rouges sanguines et à la tenue tout à fait... seyante. Je tire un peu sur le haut faisant ressortir mes attributs féminins qui sont plus gros que d'habitude. Je crois que les hommes sont sensibles à ce genre de chose, je n'ai jamais vraiment eu de raison de l'essayer. Mais aujourd'hui la donne change, je dois me faire passer pour une psychomage. Je dois prendre cela comme un défi, je suppose. J'ai toujours voulu étudier l'esprit humain de prêt, comprendre d'où peut venir tant de... Stupidité. J'avais bien tenté de commencer mon étude sur Eoghan, mais... Je dois bien l'avouer, il ne fait pas un très bon cobaye. Bien. Et bien, je pense que je suis... prête allons-nous dire. Je quitte les toilettes publiques puant et écœurant dans lesquels je venais de m'enfermer. Il y a des bruits tout à fait... sordide. Je crois qu'il y avait un couple en train de copuler dans la cabine d'à côté et quand je leur ai dit de se taire, je me suis fait insulter de... sal... pas salade. Salope, je crois. Quand je leur ai demandé la signification de ce mot, ils m'ont hurlé dessus. Les moldus sont des êtres tout à fait étrange. Ils ressemblent plus aux sorciers qu'ils veulent bien l'avouer.

L'air pur pollué de la ville est un vrai délice comparait à la puanteur des toilettes. Bien. Allons-y. La demeure n'est pas très loin, je crois, à quelques rues d'ici, non loin du centre-ville. D'un pas vif, je me dirige vers la demeure le cœur battant. Je ne tiens pas à échouer cette mission et je connais mes limites. Là, on les dépasse, largement. J'aurais pu les contacter, leur dire que ce n'est pas une bonne idée, mais ils n'auraient pas compris. Ils m'auraient dit que je suis une lâche et ce genre de chose. En bref, cela aurait provoqué des complications un peu, voir totalement, inutile. La maison apparaît rapidement, difficile de la rater, je la connais par cœur les issues, le moindre moyen de m'échapper. Elle est simple, propre, une demeure.

J'appuie sur la sonnette non pas à coup comme il semble que la société le veut, mais d'un long trait continu et discordant. Ce qui vaut un DRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIING assourdissant qui réveille les instincts des chiens du quartier. De l'autre côté de la porte, une voix agacée s'exclame qu'elle arrive. Une femme aux traits fatigués finit par ouvrir, furieuse. « Qu'est-ce que vous voulez ? » Me demande d'un ton qui me semble sec. Je crois qu'elle n'a pas apprécié le coup de la sonnette. Bien, il est temps d'avoir l'air charmant. Je prends un air affable et lui adresse un sourire qui se veut charmant. « Je suis la psychomage que vous avez demandé. » La colère est remplacée par la surprise. « Déjà ? Je ne vous attendais pas aussi tôt... » « Mon patient est là ? » Je ne suis plus une visiteuse agaçante. Je suis son réconfort. Je suis celle dont elle avait besoin.

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Elle me fixe hésitante les lèvres pincées. À croire son expression elle semble se demander de qui a besoin un psycomage, elle ou son mari. Je lui adresse un sourire froid, mon allure et mon comportement ne semblent pas aller de pair à ses yeux. « Je ne pensais pas que vous étiez une... Au vu de votre tenue. » Chaque mot qu'elle prononce ressemble à une pique blessante à mon encontre. Je suis un danger pour elle, même si son mari n'est plus qu'une créature la terrifiant, je suis une ennemie. « Mrs Develyn je n'ai pas le temps de parler chiffons, si je pouvais rencontrer mon patient cela m'arrangerait grandement. » Elle finit par s'écarter de l'encadrement de la porte – enfin – pour me laisser passer. « Je pensais que vous portiez un uniforme. » Elle se méfie de moi, peut-être aurais-je dû opter pour une tenue plus classique et moins séduisante. D'un geste de la main, je chasse ses inquiétudes. « Quand nous venons à domicile, nous préférons éviter l'uniforme pour mettre à l'aise nos patients. » Elle n'y croit qu'à moitié, je le sens dans son regard. J'avais vu des femmes habillées ainsi au bras d'homme personne ne trouvait cela choquant. Peut-être était-ce parce que c'était des prostitués et que tout le monde s'attend à ce que ce genre de femme s'habille ainsi ? Je ne le sais. « Suivez-moi. » Lâche-t-elle du bout des lèvres, je la suis au sein de la demeure, du regard, je cherche une preuve qu'ils pourraient ne plus vouloir faire partie de l'Ordre de Merlin, mais mis à part qu'ils aient des bibelots laids, je n'ai aucune preuve. Je ne pense pas que je puisse considérer le centaure en céramique comme une preuve. En plus, il louche.

« Qui est-ce ? » Souriant, aux allures avenantes, Mr Develyn se dirige vers moi un sourire carnassier aux lèvres. Il ne jette pas le moindre regard à ma tenue par contre. Il doit être homosexuel. Mes études m'avaient assurée qu'aucun homme ne peut résister à ce genre d'accoutrement. Il me tend une main. « Dragan Develyn, mais appelez moi Dragan puis je savoir à qui ai-je l'honneur ? » Je prends conscience que je n'ai pas trouvé de prénom. J'ai l'habitude de pénétrer chez les gens, pas de me présenter à eux. Mon regard se pose un paquet de gâteaux. « Kate Sprits. » « Comme les gâteaux ? » Je lui adresse un sourire qui se veut charmeur, je me suis entraînée dans le miroir pour réussir ce sourire. « Absolument, mais appelez moi Kate je vous prie. »

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Quelqu'un sonne à la porte. Dragan me fait signe de m'asseoir tendit que sa femme s'empresse d'ouvrir en marmonnant ce qui est sans aucun doute des malédictions à mon encontre. Je prends place sur le siège face à lui. Je prends place sur le siège face à lui. Il se saisit d'un sprits. « Je vais manger quelqu'un de votre famille ! » Il rit. Ce n'est pas drôle, c'est même franchement nul. Je lâche un rire un peu las. De l'autre côté de la porte, la voix se lève. Dragan me fait un clin d'œil complice. « Ne vous inquiétez pas. » M'inquiéter ? De quoi donc ? Un étrange malaise me prend, comme le jour où j'ai fait face aux parents de Raina avant de les tuer. Un pressentiment que quelque chose de dangereux va m'arriver. Mrs Develyn entre furieuses dans le salon, sur ses talons un psychomage tout ce qu'il y a de plus légale. Parfait, ces imbéciles de l'Ordre de Merlin ont oublié d'intercepter le message. « Vous n'êtes pas psychomage, vous n'êtes qu'une menteuse, qu'une, qu'une » Hystérique, elle part dans les aiguës. « Calme-toi, calme-toi. » Dragan se lève et m'adresse un sourire charmant, mais froid. Je chancelle, il me fait peur, il y a quelque chose chez lui de terrifiant. D'un geste de la main, il me désigne. « Elle est vraiment psychomage, après les événements qui se sont passés à Ste Mangouste j'ai craint qu'il soit toujours sous la houlette du ministre. » Il se saisit de sa femme par les épaules, un geste qui pourrait être tendre, mais qui est terrifiant. « Lui et moi sommes des rivaux politiques, je ne pouvais faire appel à eux, j'ai donc préféré faire appel à quelqu'un d'indépendant. »

Pourquoi m'aide-t-il ? Que me veut-il ? Un étrange malaise me prend, comme le jour où j'ai fait face aux parents de Raina avant de les tuer. J'ai le choix entre m'enfuir et sauver ma vie et revenir plus tard grâce à mes compétences de cambrioleuses pour accomplir ma mission ou bien... « Je suis vraiment désolé que ma femme vous ait fait venir pour rien. Peut-être pourriez-vous discuter avec elle ? Je crains que ces derniers temps, elle soit un peu... Perturbée. » Une sentence à mort. Voilà ce qu'il vient de prononcer. Il se tourne vers moi, il ne veut pas que je fuis, il n'a pas fini avec ma personne. « Kate, voudriez-vous bien monter dans mon bureau avec moi ? » J'ai envie de répondre non, mais je mes sens lèvres sourient d'elles-mêmes et je m'entends dire. «  Bien entendu Dragan. » Qui est-il vraiment ?

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Je le suis, la tête haute, comme le condamné à mort qui tient à ce qu'on garde de lui non pas l'image d'un lâche, mais celle de quelqu'un qui est prêt à voir la mort dans les yeux. Au fond de moi j'espère que le médicomage va nous arrêter. Cependant la seule personne qu'il arrête et la femme de Dragan. J'ai trop de fierté pour jeter un regard implorant. Je le suis, je ne traîne pas des pieds, mais je sens le boulet invisible que je traîne. Mon cœur s'emballe. Je monte lourdement les marches à sa suite. A chaque pas mon angoisse grimpe d'un nouveau degrés. Le charme de cet homme n'est plus, il n'y a plus que danger et crainte. Je suis... terrifiée. C'est le mot. Je ne veux pas mourir et je regrette que cette mission aux allures simples pour n'importe qui excepté moi au vu de mon caractère prenne une telle allure. Je ne comprend pas. Quelque chose ne semble pas aller. Il posa sa main au creux de mes reins pour me pousser. Une présence intrusive et gênante qui me met mal à l'aise. Pourtant je ne dis rien, d'habitude pourtant je ne m'aurais pas gêné à lui faire savoir que selon les codes sociaux cette main est fort mal placée et je lui ordonnerai de la retirer.

« Première porte à droite. »Comme un bon petit soldat je m'exécute. Il aurait pu me jeter un imperium cela aurait eut le même effet. Ce n'est pas mon genre d’agir ainsi, de me soumettre à ce que l'on me dit, mais il y a ce quelque chose dans sa voix, dans son attitude. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi il m'inspire une telle terreur. Comment est-ce qu'il y arrive tout simplement ? Je suis quelqu'un de logique et rationnelle ! Pas du genre à me laisser contrôler par mes sentiments. « Assise. »Sa voix est dénuée de toute jovialité. Je ne suis qu'un animal. Rien d'autre. Il plisse les yeux et me fixe d'un air mauvais. « Bien. Que faites-vous ici ? Que me voulez-vous ? »Je déglutis avec difficulté. « Rien. »

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Assis sur le rebord de son bureau il me fixe du haut de son mépris. Un sourire sardonique apparaît sur les lèvres. « Je peux avoir tout ce que je veux, ne cherchez pas à mentir.  » Je m'enfonce sur ma chaise et déglutit. Je lève la tête dans un signe de rebellion. Hors de question qu'il continue à m'humilier ainsi ! Ce n'est pas moi. « Je vous assure que ce n'est pas un mensonge, je suis venue ici uniquement pour...  » « Silence !  » Il saute de son bureau et se saisit de mon visage. « Lâchez moi !  » Je me reprend enfin. C'est moi, enfin moi. Il siffle furieux quelque chose qui ressemble des mots. La langue des serpents. Je m'enfonce dans mon siège et ferme les yeux quand je sens quelque chose se glisser dans mon esprit. Deux doigts glacés se posent sur mes paupières. « Ouvre les ou je te fais éclater les yeux.  » Il commence à faire pression. Je serre les dents. Ils s'enfoncent de plus en plus, lentement, douloureusement. Je finis par souffler. « Arrêtez !  » Je pousse un gémissement de douleur. Il retire ses doigts et j'ouvre avec une certaine hésitation les paupières pour voir un sourire satisfait apparaître sur son visage.

Vivement il se saisit de mon visage, le serrant en étau entre ses mains. Je sens une intrusion dans mon esprit. Je suis comme souillée, il y pénètre et fait défiler les images humiliantes. Il cherche quelque chose. Je tente de ne pas y penser. De me concentrer sur ses instants que j'ai cherché à oublier, je n'ai que fait attirer son attention. Il me relâche enfin. J'ai échoué. Je me masse la mâchoire douloureuse, persuadée qu'il reste les traces de ses doigts sur mon visage. « Je vois, je vois....  »

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Il me fixe de cet air cruel que j'ai déjà vu sur bien des visages, mais sur le siens cela prend des allures inhumaines. J'ai échoué. Je savais bien qu'ils n'auraient pas dû m'envoyer. « Et tu n'as pas le moindre regret, fascinant... » Je ne prend pas la peine de répondre, cet homme qui me terrifie fait preuve d'une étrange stupidité. Pourquoi devrais-je avoir le moindre regret ? Je me suis contentée de suivre les ordres, je n'avais pas vraiment le choix. Je glisse ma main vers ma baguette, si j'arrive à la saisir, je pourrais. « Imperium ! » Sa voix lance le sortilège avec nonchalance. Je suis frappée de plein fouet. Je sens mon esprit s'embrumer lentement. « Lève toi, je te l'ordonne. » Me lever. Je dois me lever. Pourquoi donc je dois me lever ? Parce qu'il le désire, mais je ne veux pas. Je m'y refuse. J'ai peur de lui, ce qui est un sacrilège. Ce n'est pas moi, ce n'est plus moi.

Je crois qu'il est furieux. « Lève toi ! » La voix dans mon esprit résonne avec aigreur et brutalité. Ils tentent de me terrifier. Ils veulent que je me soumette. Je l'ai suivie, parce que je n'avais pas le choix, mais je garde ma fierté, je ne veux pas me lever. « Finite Incantem. » Je suis à moitié debout, à moitié assise. « Tu vas regretter de me tenir tête ainsi. » Il me caresse du bout de sa baguette, je recule. Je dois fuir. Je dois m'en aller.

Je repousse ma chaise. J'abandonne ma mission, tout ce qui m'importe c'est quitter cette pièce. Je bondis en direction de la porte. Ils penseront que je suis dingue, ils se douteront que quelque chose n'est pas vrai. Ma main s'arrête sur la poignet, je l'actionne plusieurs fois, mais je n'arrive pas à l'ouvrir. Je suis quelqu'un de logique, qui arrivant à mes fins, mais là... La panique me fait perdre mes esprits. A Paris j'ai provoqué l'explosion de la Tour Eiffel et maintenant je n'arrive même pas à ouvrir une porte.

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

« Alo...  » Alo quoi ? C'est un sortilège que je connais. Je suis Gaïa Cheshire, une femme plus intelligente que la moyenne. Qui ne se laisse pas dominer par la peur. Normalement. Je bégaie avec une maladresse tout à fait agaçante. « Endoloris.  » J’entends le sortilège, je l’appréhende et puis... Il me touche.

Dire que je souffre est un euphémisme. Je ne souffre pas. Je... C'est bien plus fort que ça. Une sensation tout à fait intéressante, horrible, vraiment affreuse. J'ai souvent fait subir ce sortilège à mes personnages. Maintenant ils doivent se réjouir que je comprend enfin leur douleur. Mes descriptions étaient bien en-deçà de la réalité. Je ne peux même pas hurler. Il m'a fait taire d'un silencio. C'est qu'il est malin. J'ai mal. Je souffre. Je n'ai qu'un désir : mourir. Ce qui est ridicule, je ne suis pas suicidaire, je sais que la douleur va bien finir à un moment ou l'autre, parce qu'il va lasser de me voir me tordre sur le sol en faisant des grimaces. Je me demande s'il lit à cet instant dans mes pensées. Il serait probablement étonné par le détachement que je fais preuve.

A moins qu'il n'est pas accès à ces pensées. Je me suis renfermée au plus profond de moi pour ne pas devenir folle. Je me laisse aller dans la douleur, je ne tente pas de lutter, mais je protège le peu de mental qui me reste. Je suis l'une des rares femmes ayant des réactions normal et approprié à la situation dans ce monde, si je meurs, que va donc devenir cet univers ? J'aurais dû contenir mon esprit plus tôt, mais quand j'ai peur je me retrouve à agir comme les autres, soit stupidement.

Ah. Le sort cesse enfin. Il en a assez. Je me laisse encore un peu de temps avant d'accepter ce qui est en train de se passer. La douleur est présente, me menaçant de faire vaciller ma réalité.

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Non. Il est trop tôt. Trop...

Physique et mental se rejoignent, je le regrette. Je suis incapable de bouger mon corps endoloris, mais surtout... je sens mon mental faillir. Plus aucun regret, plus rien. Je lui souris d'un air narquois, un gloussement s'échappe de mes lèvres. Ma poitrine tressaute douloureusement, tout mon corps est celui d'un pantin désarticulé, un pantin qui souffre. Je ris silencieusement, c'est amusant. Fort amusant. Des larmes de douleurs s'échappent de mes yeux. Je suis incapable. Je suis... Il me fixe. Je dois faire un spectacle tout à fait charmant. Absolument, tout à fait charmant. « Tu es un peu trop abîmée.  » Il fronce les sourcils. « Ils vont savoir quelque chose.  » J'ouvre la bouche pour lâcher une réponse impertinente, mais rien ne sort de mes lèvres. Je glousse, je suis ridicule. Tout simplement ridicule. « Imperium !  » Je lâche un hoquet et cesse brutalement de me gausser.

Sa voix résonne dans mon esprit. Je crois que tout à l'heure j'ai lutté contre cette voix. Je ne sais pas pourquoi j'ai fais cela. Lève toi. Cela fait mal. Je trébuche, mais je dois me lever. Vite, vite, je suis en retard. Je dois me lever. Je suis innocent, ma femme et ma fille eux aussi. Nous sommes une famille unie et fidèle au groupe. N'est-ce pas ? Je hoche frénétiquement de la tête. « Que leur diras-tu ?  » Je lui souris. « Qu'ils n'ont pas s'inquiéter. Que votre famille est innocente et tout à fait fidèle.  » Et tu ne diras rien sur ce que tu as subis ici. Au contraire, tu diras que les inquiétudes de ma femme soient simplement dû au stresse des élections.. « Je ne dis rien sur ce que j'ai subis ici.  » Je fronce les sourcils. Quelque chose ne va toujours pas, mais je ne comprend pas. Et si je fais appel à toi, tu viendras de nouveau vers moi. Je hoche doucement de la tête, troublée.

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

« Et si tu ne fais pas ce que je désire. Je tue ta fille, après une lente et douloureuse séance de torture. » Raina. Il veut faire du mal à Raina. Je devrais m'opposer, mais j'ai peur, non plus pour ma personne, mais pour ma fille. Je me contente de hocher doucement de la tête. J'ai la bouche bien trop sèche pour pouvoir parler. Il murmure une remarque acerbe à mon sujet. Quelque chose comme ah les femmes ! Mais je n'entends pas. J'ai comme un bourdonnement dans les oreilles. Je perds tout simplement pieds. « Vas-t-en, oublie la souffrance et fais comme si rien n'était. » Je ne cherche même pas à lutter. Mon corps réagit de lui-même. Il se lève, mes pieds avancent l'un après l'autre. Ce n'est pas moi qui marche, c'est le sort qui me fait marcher.

Je le laisse seul dans son bureau, devenant ainsi le centre de leur attention quand je descends les marches les unes après les autres. J'aperçois le médicomage marmonnait quelque chose à Mrs Develyn, elle s'en va. Innocente. Elle est innocente. Je ne sais plus comment je le sais, ni même si j'ai des preuves, mais elle est innocente et fidèle à la cause. Tout comme son mari et sa fille. Quelque chose chose en moi réfute cette idée, mais je n'ai pas le droit. L'intime conviction qu'ils sont tous les trois innocents doit rester.Elle n'a pas le droit de s'en aller, sinon quelque chose de terrible va arriver.

J'ai finis de descendre les marches. Il me fait face. Il m'attend. « Que vous a-t-il dit. » Je souris. Je dois avoir l'air innocente. Je ne souris jamais d'habitude, mais le rôle que joue, celui d'une femme avenante, fait que je dois sourire. Je ne dois pas le décevoir, sinon... Je ne sais plus. Je suis confuse et perdue. Sa voix se fait plus douce. « Que vous a-t-il fait ? » Il me tend la main. « Vous pouvez tout me dire. » Je me reprend, tête droite, être sûre de sois. Ce n'est pas bien difficile. Après tout ne suis-je pas supérieur à tous ? « Nous avons eut une conversation privée, Dragan ne m'a fait connaître son désir de vous recevoir, mais peut-être devriez-vous aller voir vous-même. »

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

« Vous a-t-il blessé ? » Au ton de sa voix je comprend que ce n'est pas vraiment une question. Mon sourire se fige sur mes lèvres. Je me demande comment je tiens debout, comme j'arrive à continuer à marcher. C'est vrai. Parce qu'il me l'a ordonnée. De faire comme si rien n'était. D'oublier la souffrance qui est pourtant présente en moi. « Non. » Il ne me croit pas. Je le vois bien dans ses yeux. « Vous pouvez me parler, il ne va pas vous faire du mal vous savez... » Ses geste sont doux. « Sa femme m'a parlé. Si vous me dites tout, je peux vous aider, je peux l'aider aussi.» Cet homme me fait peur. Si je ne respecte pas ma parole, Raina va en pâtir. Je le toise de haut en bas, les lèvres pincées. « Cessez de voir ce que vous désirez voir monsieur. » Je désigne d'un geste éloquent les escaliers. « Si vous tenez tant à l'aider, allez donc lui parler ! » Il me regarde interdit. Je vois bien qu'il ne veut pas me laisser seule. Je jauge la main qui me retient. « Lâchez-moi. » Il ne le fait pas. Il est toujours très calme. « Parlez-moi. » « Lâchez-moi où je hurle que vous me faites des avances et je m'assure de mettre en péril votre réputation. » Je ne sais pas d'où je tire cette force. J'ai mal, je suis confuse et j'ai peur pour ma fille. Je ne suis pas courageuse, je suis bien trop intelligente pour cela.

« Bien.» Il me lâche avec un certain regret, presque avec trop de facilité. Je le fixe étonnée. « C'est ce que vous vouliez non ? » Oui. C'est ce que je me voulais, mais maintenant je me méfie de lui. Cette facilité soudaine. Il...

« Ma chérie, tu ne peux pas avoir l'air... normale ? Juste une fois. Juste pour moi. »

Est-ce une ruse pour me faire parler ? Il reste là à me fixer, m'interrogeant du regard. « Bien. » Je tourne les talons et fais mine de m'en aller. Je prend soins de partir à pas lent. Lui ne m'attend pas, il s'en va vers ce qui me semble être le salon. « Je crains que votre mari ait encore frappé. » Il parle suffisamment fort pour que je l'entende. Il sait que je suis là. « Si seulement elle voulait bien parler, elle » Je n'entends pas la suite. Je fixe, terrifiée, le regard de Dragan qui me vrille. Il pose un index sur ses lèvres me faisant signe de me taire et d'un geste me congédie. Le psycomage revient sur ses pas. « Quelque chose ne va pas ? » Dragan remonte silencieusement les marches. « Non, rien du tout. » Il s'approche de moi et me tend sa carte. « Si vous voulez me joindre un jour. » Je ne la saisis pas, préférant quitter la demeure.

Je le regrette. De ne pas avoir pris sa carte. Je me rends compte que j'aurais dû. Je fais quelques pas et me transplane directement au QG. Je me rend compte que trop tard que des moldus auraient pu m'apercevoir. Échec ou réussite ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais c'est qu'ils sont innocents. Je n'ai pas de preuves, mais ils le sont. Je retire ma perruque et pénètre dans le QG. « Mme O'Neill ? Tout va bien ? » Je fixe avec une étrange hésitation la sorcière. Je ne la connais pas. Je détourne la tête, méprisante, comme à mon habitude, mais ce n'est pas du mépris cette fois-ci, c'est juste une manière de cacher ce quelque chose qui ne va pas.