« Miss Potter, séchez vos larmes et faites votre devoir. Et votre devoir et d'agir comme on l'attend de vous. »

Libre, c'est le mot, à cet instant rien ne peut les arrêter. Elles sont libres, personne n'est là pour juger l'indécence de la cavalière en tenue d'homme, personne ne peut critiquer cette jument jugée trop fière. Elles sont libres, galopant vers ce qu'on leur dit une mort certaines, mais l'heure n'est pas venue. Pourtant l'instant elles sont simplement... libres. Persuadée que personne ne pourrait les arrêter, elles sont surprises par le sorcier qui transplane au milieu de la route. Danae tire sur les rênes, mais Tsuki réagit d'elle-même, arrêtant brutalement sa course effrénée. L'homme tombe à genoux et se prosterne sous le regard étonné de la jeune femme. « Potter-sama, vous ne pouvez aller là-bas ! » Ce n'est pas ordre, plus une supplique. Les lèvres pincées, elle ne répond pas. « Si j'avais su que vous iriez là-bas, jamais je ne vous aurais vendu cette monture ! Cette forêt est maudite et » « Je ne serai me déshonorer en me refusant de faire ce que me dicte mon devoir. » Réplique-t-elle impérieuse. Elle reprend d'un ton plus doux. « Je pense que vous comprenez parfaitement. Maintenant hors de ma route ! Où je n'hésiterai pas à passer sur votre corps s'il le faut. » « Potter-sama ! » La jeune femme lance sa monture, l'homme pousse un hoquet de surprise et se roule sur le bas-côté évitant de peu les sabots de la jument dont il était ravi de se débarrasser un peu plus tôt.

Avec sa peau diaphane et ses cheveux dorés elle avait charmé les indigènes, mais à peine avait-elle expliqué sa venue ici qu'on s'était mis en tête de tout faire pour qu'elle reste. Pourquoi ne pas plutôt chercher un bon mari ? Il y a de très bonnes familles qui seraient ravies de se lier à une famille japonaise, certes, elles ne sont pas sangs-purs, mais son sang saurait leur faire sans aucun doute oublier qu'elle n'est qu'une étrangère. Et puis si elle tenait à épouser un sang-pur, pourquoi ne pas épouser cet héritier décédé il y a peu ? Il serait ravie de la retrouver une fois sa vie achevée. Elle s'était au début prêter au jeu, se montrant charmante pour pouvoir mieux les fuir par la suite. Ils voulaient l'emprisonner à travers leurs cérémonials. Ils disaient que cela serait une perte tragique. Elle connaît bien les récits qui peuplent ce lieu. Une voix insidieuse murmure en elle que c'est peut-être justement pour cette raison qu'elle s'y rend. Pour finir comme tout ces pauvres bougres. Pour ne plus jamais revenir.

« Chaque créature mérite ton respect. Exceptés les êtres humains bien entendus.  »

La course effrénée cesse brusquement. Elles sont arrivées à la lisière de cette mystérieuse forêt. Elle semble banale en tout point si ce n'est les panneaux qui supplient aux personnes de ne pas se suicider. Non, elle n'est exactement comme n'importe quelle forêt. Il y a quelque chose, une aura, un danger... une menace. Non, non ce n'est pas ça. C'est un appel, un appel vers les enfers. Danae fait avancer d'un pas plus lent la jument. Rien ne semble pouvoir troubler le silence, pas de bruit d’animaux, pas de promeneurs, ni même de suicidaires. Aucune trace de vie humaine si ce n'est parfois une corde accrochée à un arbre qui s'enfonce vers l'inconnu.

Un éclair. Vif. Surprenant. La monture pousse un hennissement de frayeur et se redresse éjectant sa cavalière avant de s'en aller dans une folle course avec son matériel vers la fond de la forêt. « Tuski ! » Elle se saisit de sa baguette. «  Accio fonte ! » Quelques crépitements résultent de son échec. Elle pousse un juron bien peu digne de son statut. Elle aurait dû se contenter du portoloin qui lui avait été fournit et ne pas s'attarder dans ce pays. Elle avait cru que l'instinct de la créature aurait pu lui éviter bien des pièges et surtout lui aurait permit de fuir rapidement, mais à peine avait-elle pénétrée dans la forêt que les sorts de protections qui lui permettaient de monter la jument avait disparu.

Elle est désormais seule. Seule avec cette créature qui a effrayé Tsuki. D'un geste vif elle remplace sa baguette par un petit poignard à la lame empoisonnée. Seule arme qu'elle ne sait vraiment maîtriser. Une peur insidieuse glisse en elle. Elle a déjà eut peur, bien entendu, mais pas de cette façon, c'est la forêt. Elle agit sur elle, elle s'assure qu'elle perde ses esprits. Elle tourne à pas lents sur elle-même, bien décidée à retrouver cette créature. Un éclair, elle est là ! Elle est « Du saké ? » La créature étrange qui se tient devant elle lui tend un verre. Son chapeau de paille cache son visage. Quelles sont les salutations qui se doivent à un esprit aux testicules géantes, qui se balade avec un tambour et qui vous offre un verre de saké après avoir effrayé votre monture ? La créature reprend. « Je suis désolée de vous avoir désarçonnée ainsi, ce n'était pas dans mon intention, c'est simplement fort rare de voir une sorcière par ici. »

« Ne refuse jamais un verre d'alcool ma fille, c'est bien la seule chose qui lie les hommes dans la paix ! »

Elle reste interdite devant l'étrange créature qui retire son chapeau. Un sourire un peu naïf s'étire sur ses lèvres à la vue de l'adorable bouille de tanuki. Gracieusement, la demoiselle s'incline comme on le lui avait appris et s'excuse. « Veuillez me pardonner mes manquements, j'ai été troublée par la chute.  » L'esprit laisse échapper un petit rire ravit. « Mon petit, mon petit ne t'inquiète donc pas, je peux te tutoyer n'est-ce pas ?  » La question n'attend pas de réponse, mais la jeune femme lui en donne néanmoins l'accord d'un hochement de tête. « Bien, bien, fort bien. Bois ce verre, allez bois, voilà comme ça !  » L'alcool lui réchauffe les entrailles et rougit les joues. « J'apprécie quand on me fait confiance comme tu viens de le faire. Pour la peine je vais te faire un présent, pas tout de suite, je suis en retard. Mais garde ce verre et quand viendra le moment pour toi de t'en aller brise le. Je viendrai t'apporter une cuvée spéciale que je vais chercher.  »

Il plisse les yeux, un sourire en coin et lui fait signe de s'approcher. « La forêt annihile les pouvoirs, mais on peut contrer ce défaut grâce à quelques filtres. Mais c'est un secret ! Tu ne dis rien !  » « Je vous jure que jamais mot ne sortira de ma bouche.  » Un sourire ravit étire les lèvres du tanuki. « Bien, bien, fort bien, je t'en apporterai avant ton départ. Quelque chose me dit que c'est ce que tu désires !  » Il se saisit de sa main et plaque ses lèvres baveuses sur son dos. « Haha ! Je me sens anglais maintenant !  » Il pointe du doigt le chemin. « Si tu vas un peu plus loin, je te promet que tu retrouveras tes fontes ! Au revoir belle créature !  » Il s'en va dans un éclair. « Au revoir.  » Son adieu se meurt dans le silence, seul le verre qu'elle tient lui prouve qu'elle n'a pas rêvé de cette soudaine visite.

D'un pas un peu plus léger – sans aucun doute les effets de l'alcool - elle avance dans la direction indiquée par l'étrange créature. Elle avait lu de nombreuses légendes sur cet esprit de la forêt, mais jamais elle n'aurais imaginé le rencontrer un jour. Elle regrette qu'il se soit en aller aussi vite, elle aurait aimé parler avec lui, lui poser mille et une questions. On ne retient pas un gentleman en retard. « Mes fontes !  » Elles étaient là, au milieux du chemin comme la créature l'avait dit. Ses potions s'étaient brisées dans la chute. Merlin merci, elle avait pris des crayons à papiers afin de ne pas s’encombrer d'encre et d'une plume. Elle récupère tant bien que mal ce qu'elle peut récupérer. A l'aide de son poignard, elle fait une lanière pour pouvoir porter l'épaule l'une des deux fontes.

« Hush little baby don't say a word, mama's going to buy to you a owl.  »

Une voix l'appelle, une voix innocente, une voix d'enfant. Elle se retourne surprise, manquant de lâcher son paquetage. Son regard s'embrume de larmes bien malgré elle. « Calembredaines. » Murmure-t-elle. Elle aimerai croire que ce n'est pas que des sottises, mais bien plus que cela. La voix se fait plus suppliante, lui arrachant un larme. D'un geste rageur elle s'essuie les yeux, ils veulent qu'elle quitte la route, il est hors de question qu'elle se laisse faire. Son regard s'éteint. La voix est devenue mélopée enchanteresse. Oubliant sa trajectoire, oubliant les nombreux conseils, elle quitte le chemin pour s'enfoncer dans la forêt remplit d'illusions. Quelques créatures de la forêt sortent le bout de leur museau pour voir qui est cette étrange nymphe habillée comme un homme qui ose les déranger. Un kitsune attirée par le blond de ses cheveux se met à la suivre mue par la curiosité. Il bondit, ses cinq queues redressées quand elle manque de peu de tomber dans le vide. De la mâchoire il l'attrape pour la faire tomber au sol, mais elle ne réagit point. La jeune femme se contente de se lever, tâchée par la terre consacrée. La mélopée a décidé de l'emmener ailleurs. Le kitsune continue de trotter à ses côtés.

Elle s'arrête brusquement devant un cadavre boursouflé qui pend comme une décoration de noël oublié sur un sapin. Dans son regard brille d'une étrange lueur à la vue de cette enfant à qui elle donnerait quatorze ans à peine. Profitant de cet instant le kitsune la mord pour la ramener à la raison, mais il est déjà trop tard, la mélopée a resserré son emprise sur elle et elle continue sa route. Elle ne voit pas les traînées de lave. Tout comme elle ne se laisse pas berner par les illusions. La mélopée tient à ce qu'elle vienne. Qu'elle la rejoigne.

Peu à peu cette dernière s'éteint pourtant. Danae retrouve ses esprits et voit apparaître sous ses pieds un chemin pavés. Le kitsune prit de frayeur par les lieux s'enfuit. Elle est de nouveau seule. Si ce n'est un rire d'enfant qui la torture. Elle avance avec prudence et hésitation. Un escalier surgit brusquement devant elle, rien ne semble pouvoir altérer la pierre. Pas une seule feuille, pas un seul grain de poussière... Rien. Rien du tout. Elle grimpe lentement, troublée par la présence d'un tel lieu dans une forêt que l'on dit maudite. Le rire d'enfant se fait plus fort et puis elle l’aperçoit, un jinzo, gardien de ceux qui n'ont pas pu voir le jour.

« Miss Potter, un peu de concentration je voue prie.  »

« Mon enfant, te voilà enfin.  » Elle détache son regard du jinzo pour voir en haut des marches une prêtresse qui l'attend. Son sourire édenté à quelque chose d'étrangement rassurant. «  Viens mon enfant, la nuit tombe vite par ici et il n'est pas bon de rester par dehors.  » Un sentiment de paix envahit la demoiselle a la vue de cette grand-mère qui a l'air bien plus charmante que la sienne qui veut la voir marier à tout prix. Elle grimpe les marches quatre à quatre pour la rejoindre. «  Puis-je m'appuyer sur toi mon enfant ?  » Danae lui tendit son bras. «  Bien entendu, je m'excuse de vous importuner ainsi, je ne sais comment je suis venue.  » La vieille dame rit doucement. «  Je sais fort bien mon enfant comme tu es arrivée pour ma part, c'est ton cœur qui t'a fait venir ici. Il est lourd de chagrin... N'est-ce pas ?  » Elle ne répond que par son silence, d'une main affectueuse la moldue lui tapote la main. «  Les dieux t'ont fait venir ici et ils ont une bonne raison. Tu n'as rien à craindre en venant ici, car je suis la maîtresse de ces lieux.  » Danae hoche la tête.

Ce qu'elle avait prit tout d'abord pour un temple se révèle être en réalité un lieu étrange et plein de vie. Des petites ombres courent ici et là, des rires éclatent. «  Tu auras la réponse à tes questions plus tard mon enfant, pour l'instant va te laver, nous tâcherons de laver tes vêtements pour ton départ demain.  » La jeune femme hoche la tête troublée, dénuée de toute volonté elle se contente de suivre cette femme impérieuse qui la pousse dans une petite salle de bain. Les ombres ont disparu. Remplacer par d'étranges petites chouettes qui bondissent tout autours d'elle en chantonnant l'étrange mélopée qui l'avait attirée ici. Au plus profond de sa conscience quelque chose lui dit qu'elle devrait s'en inquiéter, mais elle n'y arrive pas. Elle se contente de se laisser déshabiller par ces étranges créatures et de se glisser dans l'eau brûlant d'un bleu émeraude.

Les petites chouettes sautent autours d'elle, comme si ça simple présence les ravissaient. L'une d'elle manque de glisser, mais la jeune femme la rattrape de peu. On chante alors ses louanges, elle est leur sauveuse ! Elle qui a évité que cette pauvre petite créature tombe dans le bain ! Le temps s'écoule bien trop rapidement et sa peau qui se fripe lui rappel qu'elle a des obligations à tenir. Ses vêtements ne sont plus là, ils ont eut la bonne idée de ne pas toucher à ses fontes. Elle se saisit du kimono qu'on a laissé à son attention. La demoiselle retient de justesse une grimace, elle s'était déjà prêtée au jeu de cette tenue qui s'était révélée fort inconfortable, mais elle n'est pas en position de vexer son hôte.

« Ce n'est pas de ta faute, Dany, hey, ce n'est pas de ta faute, d'accord ?  »

« Maman ? » La voix résonne dans le vide. Danae recule d'un pas, un sourire narquois se dessine sur ses lèvres. « Qui es-tu ? Ce n'est pas amusant. » L'enfant s'avance dans la lumière les bras tendus. « Maman ? » Elle est exactement comme dans ses songes, la même bouche, le même nez qui se retrousse, le même parfum. « Câlin... » Les petites chouettes sautent de part et d'autres pour s'en aller Merlin seul sait où. « Maman... » « Tu n'existes pas. Tu es... » Elle est là, devant elle, les larmes aux yeux, car elle est incapable de la prendre dans ses bras. Cela est sans aucun doute un piège, cela est sans aucun doute sa seule chance de prendre un jour sa fille dans ses bras. Elle s'agenouille et tend les bras pour la serrer tendrement contre elle. Le vide, rien que le vide, ses bras se referment sur du vent, mais elle sent sa tête se poser sur son épaule, elle sent son souffle caresser son oreille. « Je suis désolée. Je suis tellement, tellement désolée. » « Tu vas rester avec moi maintenant ? » Une illusion, rien d'autres qu'une illusion. Elle caresse pourtant doucement ces cheveux. « Je ne peux pas. Tu le sais bien. » Elle annone les mots d'une voix morne. « Pourquoi ? Pourquoi tu m'abandonnes encore une fois ? »

L'enfant disparaît, elle est seule, seule avec sa peine. Il ne reste plus qu'une effluve de son parfum. « Parce que c'est mon devoir de rester. » Elle se laisse aller contre le battant de la porte, prostrée, incapable d'agir autrement. Elle n'était qu'une petite fille, une toute, toute petite fille. Elle ne demandait rien, mais pourtant elle l'a abandonnée. Elle l'a laissée s'en aller sans elle. Elle entends des petits pas précipités, mais ne réagit pas. « Oh mon enfant, ma pauvre enfant. » La vieille femme est de retour, elle s'agenouille prêt d'elle et essuie les larmes de son visage. « Les esprits qui résident ici agissent parfois de manière cruelle. Allez viens, suit moi. » Elle tire Danae qui se laisse faire, dénuée de la moindre force, du moindre désire. « Je vais t'apprendre à t'attirer la faveur des esprits. » Elle se retourne et la regarde attristée. « Un jour tu la verras, mais l'heure n'est pas venue pour vous deux de vous rejoindre... »

« La beauté est l'apanage des femmes.  »

Rien. Il ne reste plus rien. Elle parcourt ébahie les ruines du temple. Pas d'esprit, ni même d'ombre, encore moins de petite chouettes ou de vieille dame. Des ruines, rien que des ruines. Ses vêtements sont propres, ses écrits sont dans son livre, mais il n'y a rien et elle est perdue au sein de cette forêt. A son réveil l'attendait un plateau remplit de victuailles auxquels elle n'ose désormais par toucher. Elle avait déjà entendu parler de ces esprits qui gardent les temples, les otoroshis, certaines rumeurs racontaient qu'ils invitaient les voyageurs perdus à s'y réfugier pour la nuit, mais... Elle avait dû mal à croire qu'elle venait vraiment de vivre une telle aventure. Avec une vigueur nouvelle, elle reprit sa route, non sans avant avoir déposé le sanctuaire à l'attention des esprits.

Les escaliers étant désormais détruits, elle fait le tour du temple pour s'enfoncer de nouveau dans les bois. Cette fois-ci parfaitement éveillée elle fait face à toute l'horreur de la forêt. Usant d'un bout de bois pour tâter le sol elle avance à une lenteur exaspérante, mais salvatrice. Derrière cette mousse d'émeraude se cache d’insidieux trous sur lequel elle manque pourtant plusieurs fois de se rompre le cou. C'était comme si... les trous se mouvaient. Qu'ils avaient compris la manière dont elle agissait. Cependant, le plus difficile est la vue des cadavres. Parfois accrochés aux arbres, parfois cachés sous un tas de feuilles ou bien... en train d'agonir. Il était là, pendu, les yeux éjectés de sangs, tendant les mains vers elle dans un sursaut de conscience. Elle s'est contentée d'abréger ses souffrances avant de continuer sa route, le sauver n'aurait servit à rien. Il serai mort dans tout les cas. Ils sont trop profondément enfoncés dans les bois.

La route est longue, dangereuse, mais elle ne fait pas face à des dangers mortels. Sa fonte pèse lourd sur son épaule, mais elle continue bravement sa route. « Suis-je belle ? » Surprise de l'apparition elle tombe dans un trou qu'elle venait d'éviter, se tordant la cheville. La femme s'approche d'elle et repose sa question. « Suis-je belle ? » La sorcière déglutit difficilement, un esprit, sans aucun doute. On n’apparaît pas comme ça, surtout pas dans une telle forêt. Ignorant la douleur, elle tente une réponse hésitante. « Et bien, je suppose que oui, vous semblez être une beauté tout à fait rare malgré votre mas » Elle s’interrompe horrifiée à la vue de la bouche fendue. Du sang coule le long de la plaie encore ouverte. Son cœur s'emballe, ses yeux s'agrandissent de terreur à la vue du visage sanguinolent. « Et maintenant suis-je belle ? » « Je... Je suppose que oui. » Balbutie-t-elle maladroitement afin de ne pas vexer l'esprit vaniteux.

« Sois forte, soit fière, quoi qu'il arrive. »

Deux éclaires argentés transpercent l'obscurité, elle voulait contenter l'esprit et voilà la pauvre demoiselle hurlant de douleur affabulée d'un sourire sanguinolent ressemblant à celui de l'esprit fait par une paire de ciseau que l'on trouve partout. A peine sa tâche réalisée que l'esprit s'en alla, laissant la pauvre créature geindre sur le sol, les mains ensanglantées. Des larmes se mélange à son sang vermeille, perdue dans la douleur et la folie, elle se roule sur sol prête à tomber dans le premier piège, dans la première illusion ou même dans la première gueule qui soit. Une main l'arrête, un visage sans âge la fixe d'un air paniqué. De ses puissantes mains il la plaque au sol afin de l'obliger de faire face. Il marmonne des mots qu'elle ne saisit pas, sans magie elle ne possède plus de traducteur. « Calmez-vous. Calmez-vous. » Son anglais est approximatif, mais elle arrive à saisir quelques mots. Surprise, elle se tait. Satisfait il hoche de la tête et reprend plus doucement. « Bien, fort bien. » Il touche du bout des doigts la plaie et grimace. « Venez avec moi, le portoloin ne partira que demain, vous allez vous reposer ce soir et je vais vous soigner. » Méfiante, elle hésite à le suivre, mais il ne lui laisse pas le choix. Il l'attrape et l'oblige à se soulever pour l’entraîner vers sa cabane au fond des bois.

Le lendemain

Un hurlement brise le silence. « JE SUIS DEFIGUREE ! JE SUIS UN PUTIN DE MONSTRE ! » Un nouveau hurlement se fait entendre, cette fois-ci de douleur. Face au miroir elle ne peut s'empêcher de toucher les bords de la plaie. Des larmes coulent sur ses joues. Elle est laide, elle est un monstre, sa vie est fichue, elle n'a plus qu'à se donner la mort avant que l'on l'aperçoit ainsi. « Cessez de faire l'enfant ! » Le moine pénètre dans la chambre furieux. « Petite idiote vous allez attirer les yokaïs ! C'est ce que vous voulez faire ? » La sorcière lui jette un regard agacé. Il vit couper du monde, la beauté n'a aucun intérêt à ses yeux. « La blessure n'est pas magique, un soigneur fera tout disparaître d'un coup de baguette, je vous l'assure. » Son ton cassant brise l'idée de tout réconfort. Boudeuse, elle jette le miroir à l'autre bout de la pièce et quitte la cabane d'un pas vif.

La main dans sa poche, elle sent le verre. Il lui avait promis. Peut-être qu'il pourra faire quelque chose pour elle...

« Mr Deschamps, pas un mot ou bien... vous le regretterez.  »

Ils n'y ont pas touché au temple, tout comme ils n'avaient pas touché à sa baguette, ni même à son poignard. C'est dommage de le briser, c'est un joli verre. Elle l'envoie d'un geste sec contre l'arbre, il éclate dans un millier d'éclat de rire cristallin. « On m'a appelé ? » Le tanuki est là, avec son chapeau, son sourire et son sake. « Je vois que vous avez fait de fort mauvaises rencontre.  » Il retire son chapeau et lui tend. « Portez le tant qu'on ne pourra la faire disparaître.  » Qu'avait-elle donc espéré ? Qu'il puisse réellement faire quelque chose ? Reconnaissance, elle se penche tout de même pour récupérer le chapeau qu'il lui tend. Quand elle le pose sur sa tête, elle sent quelque chose tomber. L'esprit rit doucement. « J'espère vous redonnez le sourire, sans mauvais jeux de mots.  » Elle attrape la feuille et remet le chapeau de pailles pour cacher son visage. Sur le papier, une liste d'ingrédients, une recette... Elle lève un regard surpris. Fier de son petit tour de passe à passe, il explique d'une voix enjouée. « Je vous aurait bien offert du sake, mais je ne pense pas que vous reviendrai par ici, donc vous penserez à moi grâce à cette potion.  » Elle s'agenouille devant l'être. « Je vous en remercie, le sacrifice de ma beauté ne sera donc pas sans effet.  » « Vous la retrouverez, je vous l'assure.  » «  Potter-san ! C'est l'heure !  » Le moine lui fait signe de venir. «  Adieu.  » «  Adieu belle sorcière.  »

Belle, ce n'est plus le mot. Elle n'est pas belle, elle n'est qu'un monstre. Le moine lui tend une boîte de conserve lambda. «  Ne vous inquiétez pas.  » Elle hoche doucement de la tête sans vraiment y croire. « Adieu.  » « Faites attention à vous.  » Elle sent un crochet l'accrocher au nombril, elle tombe avec grâce sur le fauteuil. « Danae, mais que vous est-il arrivée ?  » Furieuse, elle jette son sac à Lyssa. « Donnez ça à Dumbledore et dites lui que s'il m'envoie une nouvelle fois dans un lieu où je ne peux user de ma magie je m'assure qu'il le payera.  » « Voyons Danae !  » Furieuse, elle attrape la pauvre Lyssa par le col. « Pas. Un. Mot. Et si vous dites à quoi que ce soit que j'ai été défigurée, je vous tue. Et si Dumbledore me dit qu'il n'a pas eut tout ce qu'il y a dans ce sac, vous regrettez de ne pas être morte.  »

Sa réputation va en souffrir, mais quitte à choisir entre perdre sa réputation ou que l'on pense qu'elle est devenue ce... ce monstre, elle préfère qu'on pense qu'elle est une sorcière comme les autres. D'un geste furieux elle se saisit de la poudre de cheminette et en jette une pincée dans le feu. « St Mangouste !  » Une main appuyée sur son chapeau afin d'être sûre de ne pas le perdre. Elle a l'impression que tous les regards sont posées sur elle. Une impression, ce n'est qu'une impression. « Miss ? Vous désirez ?  » « Deschamps, Marcus Deschamps, dites lui que Danae Potter a besoin de lui, il trouvera le temps.  » Il devra faire quelque chose ou bien il mourra.